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Dorothy Kamasa Azimi, engagée pour l’autonomisation des agricultrices au Ghana


En 2016, durant son service militaire, Dorothy Kamasa décide d’utiliser son temps libre pour proposer des services bénévoles de vulgarisation agricole aux femmes rurales et aux petits exploitants agricoles pour les aider à améliorer leurs rendements et renforcer leur sécurité alimentaire.Cette brillante idée donnera lieu en 2018 au Centre pour les femmes et la sécurité alimentaire au Ghana (CeWaFS – Ghana). Une ONG ayant accompagné à ce jour plus de 12000 agricultrices rurales au Ghana.

Aujourd’hui, Dorothy Kamasa dirige une ONG agricole, travaille comme chercheuse en agriculture et a reçu plusieurs prix internationaux. Un parcours inspiré de son background. Ayant grandi dans la région rurale et agricole du nord du Ghana, elle a surmonté plusieurs obstacles grâce à sa détermination pour réaliser ses rêves.

Après le lycée, elle étudie tout d’abord l’informatique avant d’intégrer l’Université de Cape Coast pour une licence en conservation, biologie et entomologie, qu’elle décroche en 2016. Diplôme en poche, elle s’enrôle pour le service militaire en 2016. Pendant cette période, elle décide d’utiliser son temps libre pour venir en aide aux petits exploitants agricoles en les formant à l’adaptation au climat et à l’éthique agricole. « J’ai commencé progressivement à entrer dans la  communauté des agriculteurs. Je leur enseignais simplement les meilleures pratiques agricoles qui pouvaient les aider à maximiser leurs rendements et je partageais les photos sur les réseaux sociaux. Je voulais montrer que je pouvais impacter leurs vies »,explique-t-elle à Africa Women Experts.

Pendant deux ans, elle donne ainsi un coup de main aux agriculteurs, jusqu’au jour où l’un de ses amis l’informe du concours « Miss Agriculture Ghana 2018 » auquel elle participe et décroche la première place, ainsi que le titre de candidate la plus disciplinée. De cette expérience, elle décide de créer en 2018 le Centre pour les femmes et la sécurité alimentaire au Ghana (CeWaFs – Ghana). Une ONG qui aide les petits exploitants agricoles, en particulier les femmes rurales, dans le développement des chaînes de valeur agricoles et dans l’amélioration de leurs moyens de subsistance.

CeWaFs – Ghana, une ONG de développement communautaire axée sur l’autonomisation des agricultrices

Au sein du CeWaFs – Ghana, Dorothy milite pour la sécurité alimentaire et l’autonomisation des femmes rurales dans les chaines de valeur agricoles. « Dans ma communauté, les femmes agricultrices rencontrent plusieurs défis. Ce sont elles qui font tout le travail. Une fois que l’homme a labouré la terre, il a fini son travail. C’est maintenant à elle de semer, de s’assurer que tout se passe bien. Et une fois la récolte venue, certains de ces hommes peuvent tout vendre et ne rien donner à ces femmes », explique –t-elle.

Dans diverses communautés rurales, elle rassemble les agricultrices qu’elle forme aux techniques agricoles, comme la gestion des terres, la rotation des cultures, la mise en jachère et l’utilisation d’engrais, de produits agrochimiques… pour augmenter leurs productions. « Souvent, ces agriculteurs pulvérisent les pesticides sur les cultures et plus tard, quand cela entraine diverses conséquences, ils attribuent celà à la superstition. C’est pourquoi nous les éduquons »,explique –t-elle. Elle leur fournit aussi du matériel, des équipements de protection, des intrants, des engrais… A ce jour, la CeWaFs – Ghana a formé environ 2 750 femmes, confie-t-elle.

L’ONG pousse également les agricultrices à cultiver de nouveaux produits. Par exemple en 2022, avec le besoin en légumes frais au Ghana, les femmes de l’ONG se sont lancées dans la culture de légumes (Carottes, choux…) pouvant leur générer beaucoup plus de profit. L’ONG forme aussi les agricultrices à la transformation de leurs produits pour augmenter leurs rendements. « Les produits n’étant pas toujours tous vendus, la transformation est un marché supplémentaire», confie-t-elle. Elle leur apprend, notamment comment fabriquer la poudre de piment, de gingembre, de romarin, d’ail… Ces épices sont ensuite emballées et vendues, en plus des vivres. De 78 femmes agricultrices au départ, l’ONG est passée à 12 000 agriculteurs bénéficiaires, hommes et femmes y compris, à ce jour. Elle a facilité entre autres l’accès des femmes à la terre, aux intrants…

Mais les choses n’ont pas toujours été faciles, se souvient-elle. Elle se rappelle, notamment d’un chef de village qui l’a challengée un jour. « Ce chef de village m’avait défiée, comme quoi, je suis une femme, qu’est ce que je veux prouver, alors que certains hommes ont essayé sans y parvenir. Il m’a donné deux parcelles de terre, pour voir de quoi j’étais capable. Avec 78 femmes, nous y avons planté ce qu’ils n’avaient jamais planté auparavant. Le rendement était tel qu’ils pensaient même que j’avais des superpouvoirs »,raconte-t-elle, enthousiaste. Aujourd’hui, plusieurs communautés lui offrent gratuitement des parcelles de terres, pour s’assurer qu’elle y reviendrait tout le temps.

Chercheuse en agriculture et biologie de la conservation

En plus de son engagement pour autonomiser les agricultrices, elle est aussi chercheuse en sécurité alimentaire & climat et spécialiste en biologie de la conservation.

Depuis 2019, elle est membre du Forum mondial sur la sécurité alimentaire et nutrition du FAO en charge de l’élaboration de politiques liées à l’agriculture à l’échelle mondiale. En 2020, elle a été sélectionnée pour le Young African Leadership Initiative (YALI)- Afrique de l’Ouest. Elle a aussi participé en 2022 au Mandela Washington Fellowship aux Etats-Unis, un programme du département d’Etat américain axé sur l’engagement civique. Fin 2022, elle a obtenu une bourse pour un Master en « Action humanitaire durable » à l’Universidad Catolica San Antonio de Murcia en Espagne. Récemment, elle a été aussi sélectionnée pour le Clinton Global initiative, un programme visant à réunir les leaders mondiaux pour créer et implémenter des solutions aux problèmes les plus pressants de l’humanité.

Dorothy Kamasa a reçu plusieurs prix et distinctions. En 2021 et 2022, elle s’est vu décerner le Prix du meilleur Jeune de l’année dans le domaine de l’agriculture au Ghana, le prix ODIC Impact Challenge Top 30 under 30 Changemaker, le prix Noble Missions Active Citizenship et le prix African Queen of Energy Awards dans le domaine du leadership communautaire.

Aujourd’hui, son ambition est de construire un entrepôt où les agriculteurs pourraient stocker leurs récoltes pour pouvoir les vendre quand les prix augmentent, mais aussi d’amener ces agriculteurs à créer de la valeur ajoutée et à commercialiser leurs produits transformés sur les marchés internationaux.

 

Danielle Engolo