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Muna Lobé, rompue à l’art du storytelling


Grâce aux initiatives qu’elle a mises en place au fil des années, Lobe Muna, passionnée d’art contemporain africain, avec un double diplôme en anthropologie, mais aussi stratège en communication et créatrice de contenus, se consacre à soutenir les créateurs et entreprises dans la promotion et la mise en valeur de leurs travaux et, plus particulièrement, de leurs histoires.

Il n’est pas surprenant que toutes les œuvres de Lobe Muna, ainsi que son parcours, soient traversées par l’art, la culture… Cette fille d’un père camerounais-ghanéen et d’une mère antillaise, qui a passé son enfance entre la Suisse, la France et les Etats-Unis States, et a travaillé en Jamaïque pendant un certain temps, a été immergée toute sa vie dans diverses cultures. Ces origines variées l’ont naturellement amenée à étudier l’anthropologie et l’histoire à l’université. « L’anthropologie était quelque chose qui me paraissait logique parce que je suis le produit de tant de cultures. Je voulais mieux comprendre quelles étaient mes racines, en particulier à l’époque précoloniale et postcoloniale. Je voulais vraiment m’aventurer dans un domaine qui me permettrait de faire des recherches sur mon histoire personnelle et celle de ma famille », confie-t-elle à Africa Women Experts. Aujourd’hui, dans sa vie professionnelle, elle applique sa formation en communication et dans le storytelling, les considérant comme une extension de l’anthropologie. « L’anthropologie est très liée à la communication. Pour moi, tout est lié : la façon dont nous nous comportons, la façon dont nous parlons, les langues que nous utilisons, tout cela détermine qui nous sommes », explique-t-elle. Actuellement basée à Dakar, au Sénégal, elle travaille comme responsable de communication pour une maison d’édition et comme directrice de communication pour un studio de production audiovisuelle.

Passionnée d’art africain contemporain depuis son enfance

La passion de Muna pour l’art contemporain africain remonte à son enfance, lorsque son père, artiste plasticien et producteur de télé et de théâtre et sa mère, professeure l’université, l’emmenaient dans des galeries et des expositions. Cette exposition précoce à l’art la rend naturellement sensible aux créations artistiques, aux conditions des artistes… Après des études universitaires en France et un premier poste de directrice des études dans un centre de langue anglaise en France, elle s’installe en Jamaïque où elle travaille sur un projet éducatif entre la banque interaméricaine de développement et la fondation jamaïcaine pour l’apprentissage continu pendant 2 ans. Chemin faisant, elle s’imprègne de la culture et de l’art jamaïcains, se familiarise avec plusieurs artistes, scénaristes et réalisateurs de films. C’est alors qu’elle constate un manque de soutien et d’accompagnement aux artistes pour faire connaître leurs œuvres. Elle crée ainsi Ayana Consulting, un cabinet de conseil permettant aux artistes et aux créatifs de partager leurs œuvres, les aidant à concevoir leurs portfolios et les dotant également d’outils pour mettre en valeur leurs talents.

Au fil du temps, l’agence évolue pour être plus axée sur la communication, offrant un service de communication à 360° aux artistes et aux entreprises ayant besoin de storytelling et d’une stratégie marketing plus humaine. Elle collabore avec un large réseau de créatifs dans différents pays et conçoit des stratégies marketing à dimension humaine pour des artistes, des entreprises, produit du contenu audiovisuel, gère les réseaux sociaux… Malgré son départ de la Jamaïque pour l’Europe, puis l’Afrique, elle poursuit ses activités, voyageant à la rencontre de ses clients dans différents pays, qu’il s’agisse de marques, de musées ou d’artistes, pour les accompagner dans leurs démarches de communication.

Cette première expérience l’amène à lancer par la suite un studio de création et une agence de marketing stratégique à Dakar avec une Sénégalaise, à travers lequel elle accompagne plusieurs initiatives et projets artistiques en Afrique pendant un an et demi.

Commissaire d’expositions

Non seulement elle aide les artistes à mieux communiquer, mais elle organise également des événements artistiques, des expositions…, aidée en cela, selon elle, par ses voyages et ses origines multiples. « Je crois fermement que mes origines, en particulier le fait que je n’ai pas vécu à l’endroit d’où viennent mes parents, constituent une valeur ajoutée. À un moment donné, j’ai ressenti le besoin d’utiliser cela comme un superpouvoir et non comme une chose dont je me détournerais ou que je minimiserais « , dit-elle. En 2022, elle travaille sur une exposition au Musée des civilisations noires de Dakar. Elle est également  co-commissaire d’une exposition à la galerie de l’Institut français, Le Manège, à Dakar. « La conservation implique aussi beaucoup de communication. Vous accompagnez les artistes dans leur voyage. Vous communiquez leurs intentions artistiques, leur vision. Vous vous assurez que les gens quittent l’exposition non seulement avec leurs propres opinions et perceptions, mais aussi avec une certaine vision de l’artiste et qu’ils savent ce que l’artiste a voulu dire « , explique-t-elle.

Engagée dans la promotion des femmes artistes

Dans le cadre de son travail, Muna accorde une attention particulière à la promotion des femmes artistes. Elle fait partie du conseil consultatif d’Alternatives européennes, une initiative écoféministe qui rassemble des femmes artistes du monde entier dans le but de les soutenir, les encadrer et les former à des pratiques artistiques écoféministes. « L’initiative est brillante et j’y ai vu une belle façon non seulement d’apporter ce que je sais, mais aussi d’apprendre et d’encadrer un certain nombre d’artistes. L’idée est de les aider à présenter leur travail, à le promouvoir, mais aussi à savoir ce que l’on produit en tant qu’artiste écoféministe », explique-t-elle. Avant tout, elle considère que son travail est centré sur les femmes. « Je pense qu’une grande partie de mon féminisme est venue avec le temps. J’ai remarqué que j’étais souvent la seule femme dans la pièce. J’ai également réalisé que même si je n’étais pas directement touchée, je connaissais de nombreuses femmes victimes d’injustices », explique-t-elle. Elle a été influencée à cet égard par l’auteure féministe nigériane Chimamanda Ngozi-Adichie, à laquelle elle s’identifie et dont elle lit les écrits, confie-t-elle.

En tant qu’entrepreneuse et mère de famille, elle a été elle-même confrontée à des problèmes d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, de même qu’à des environnements de travail toxiques qui l’ont parfois amenée à démissionner. Mais grâce à sa capacité à lâcher prise et à un solide réseau d’amis et de famille, elle a pu progresser dans sa carrière, dit-elle, et continue d’explorer les possibilités offertes par les industries créatives.

 

 Danielle France Engolo