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Egypte : Shymaa Enany, une microbiologiste qui milite pour le leadership des femmes dans les sciences


A la Faculté de pharmacie de l’Université du Canal de Suez en Egypte où elle enseigne la microbiologie, Shymaa Enany se consacre depuis des années à l’étude des microorganismes, des bactéries… Passionnée des sciences depuis son enfance, cette microbiologiste égyptienne est aujourd’hui une scientifique au parcours inspirant. Ambassadrice du Next Einstein Forum en Egypte, elle a obtenu en Octobre 2021 le Prix « Early career scientist » du Conseil International des Sciences. Elle milite aussi pour la promotion du leadership des femmes dans les sciences en Afrique.

 Shymaa Enany est une microbiologiste égyptienne au parcours riche et prolifique.Fille d’un professeur de microbiologie, elle se passionne pour ce domaine des sciences dès son enfance. « Depuis le lycée, j’aimais tellement la microbiologie. En plus de celà, mon père était également professeur de microbiologie. C’était lui mon idole. J’ai toujours voulu être comme lui », confie-t-elle à Africa Women Experts.

Baccalauréat en poche, c’est tout naturellement qu’elle rejoint en 2001 le département de « microbiologie » de la Faculté de Pharmacie de l’Université du Canal de Suez où elle décroche une licence en « pharmacie et sciences pharmaceutiques ». S’en suit quatre ans plus tard, un Master en microbiologie que la jeune étudiante décide de compléter par un Doctorat. En 2006, elle fait le choix de mener ses études doctorales à l’étranger et s’envole pour le Japon où elle rejoint l’Ecole des Sciences médicales et dentaires de l’Université de Niigata. En 2010, elle obtient un Doctorat en microbiologie et immunologie. Une expérience internationale qu’elle renforce par une formation postdoctorale de 2011 à 2013 au département de pathologies structurelles de l’Université de Niigata et qui la ramènera, ensuite aux Etats-Unis. Fin 2014, elle intègre la Division de la médecine pulmonaire et des soins intensifs du « Veterans Affairs San Diego Healthcare System » en tant que chercheure biologiste et travaille en parallèle comme professeure invitée à la Division des maladies infectieuses de l’Ecole de Médecine de l’Université de Californie San Diego.

Un an plus tard, de retour au Japon, elle exerce comme professeure associée au département de bactériologie, contrôle de maladies infectieuses et médecine internationale de l’Université de Nigaata.

En 2016, elle retourne en Egypte où elle travaille depuis comme professeure associée au département de « microbiologie et immunologie » de la Faculté de pharmacie de l’Université du Canal de Suez.

Une chercheuse qui œuvre pour la santé en Afrique

 En tant que microbiologiste, elle se spécialise dans l’étude des bactéries. Elle sera d’ailleurs l’une des premières scientifiques arabes à appliquer les techniques microbiennes connues sous le nom de « techniques protéomiques microbiennes utilisant la spectronomie de masse » pour l’analyse bactérienne, confie-t-elle. Il s’agit, notamment d’analyser les bactéries qui se propagent dans une communauté précise, en étudiant certaines de leurs protéines, leurs gènes et leurs métabolites pour comprendre la corrélation entre les bactéries, la maladie et l’hôte et déterminer comment la maladie se transmet de la bactérie à l’homme. Parmi ses recherches, elle a travaillé entre autres sur les mycobactéries à l’origine de la tuberculose, une maladie très répandue en Afrique.

Grâce à ses résultats expérimentaux, elle contribue, notamment à faire reconnaître les bactéries et à développer des traitements et vaccins pour certaines maladies.

Des travaux ayant été publiés dans des revues scientifiques internationales de renom comme Nature, Nature Medecine, Lancet et Lancet Infectious Diseases, se réjouit-elle.

Engagée pour promouvoir les scientifiques en Afrique

Très engagée pour promouvoir les sciences en Afrique, Shymaa Enany est membre du Next Einstein Forum (NEF), une initiative qui met en avant les talents scientifiques africains et elle a été nommée ambassadrice du NEF en Egypte.

Pendant la Covid 19, à l’initiative du Next Einstein Forum, elle rejoint l’un des groupes de scientifiques mis en place pour proposer des solutions pour contrer la pandémie sur le continent. « J’ai rejoint le groupe de diagnostic du Covid 19. J’ai eu la chance de faire partie du groupe diagnostic qui était très actif. Nous avons mené plusieurs travaux. Nous avons réussi à publier un article sur les nouveaux outils de diagnostic en Afrique », explique-t-elle à Africa Women Experts.

Aux côtés de cinq autres chercheurs, elle collecte des données en Egypte et dans d’autres pays africains. Un travail qui aboutit à la publication de deux articles, l’un sur le diagnostic de la Covid 19 en Afrique et l’autre sur la vaccination contre la Covid 19 sur le continent. En récompense pour son engagement et ses réalisations scientifiques dans le domaine de la santé et des sciences pharmaceutiques pendant la Covid 19, elle a reçu en Octobre 2021 l’un des 7 prix décernés par le Conseil international de la science aux « scientifiques en début de carrière » sur chaque continent.

Plus tôt en 2019, elle a reçu de l’Etat Egyptien « le Prix d’Encouragement pour les femmes dans le domaine de la santé et des sciences pharmaceutiques ». En 2018, l’Académie mondiale des Sciences lui a également décerné le Prix du Jeune scientifique arabe pour ses réalisations scientifiques en sciences médicales.

Militante pour un leadership des femmes dans les sciences

Considérée aujourd’hui, comme l’une des scientifiques inspirantes d’Afrique, Shymaa doit sa réussite à sa persévérance, sa détermination ainsi qu’à son courage à braver différents obstacles, indique-t-elle. « Le principal obstacle auquel sont confrontées toutes les femmes du monde est la double responsabilité, c’est-à-dire le fait de travailler en tant que scientifique tout en étant mère, épouse et en prenant soin de sa famille. j’étais dans la même situation. J’étais responsable de ma famille, d’un mari, de trois enfants, et j’étudiais pour mon doctorat en dehors de mon pays. J’étais donc seule et je devais gérer soigneusement mon temps et essayer de me concentrer sur mes objectifs », confie-t-elle.

Pour s’en sortir, souligne-t-elle, les femmes scientifiques doivent solliciter de l’aide de leur entourage, s’organiser et travailler avec constance. «Plusieurs fois, j’ai demandé de l’aide aux membres de ma famille. J’ai souvent aussi travaillé dur pendant la nuit pour atteindre mes objectifs »,explique-t-elle.

Consciente des défis auxquels sont confrontées les femmes scientifiques, Shymaa Enany milite à différents niveaux en faveur de l’avancement de carrière des femmes scientifiques en Afrique et dans le monde arabe. Elle est, notamment membre du groupe sur l’égalité des sexes au sein de l’African Science leadership où elle a organisé plusieurs séminaires pour sensibiliser les filles et les femmes à la science au travers des parcours de femmes scientifiques inspirants. Elle a également fait partie du Comité scientifique du Forum pour les femmes dans les sciences pendant plusieurs années. Elle est actuellement membre régional du Conseil exécutif de la région arabe pour les organisations de femmes scientifiques dans les pays en développement, un programme qui vise à combler l’écart entre les femmes scientifiques des pays développés et celles des pays en voie de développement et à promouvoir le leadership scientifique et technologique des femmes.

Engagée depuis plusieurs années sur les questions de genre dans le milieu scientifique, Shymaa Enany nourrit plus que jamais le rêve de voir briller les jeunes filles africaines et surtout de voir davantage de femmes scientifiques émerger sur le continent.

 

Danielle Engolo