Récemment décorée de la légion d’honneur en France, Meriem Othmani a parsemé sa vie d’instants mémorables, témoins d’accomplissements glanés au terme d’un travail de tous les instants. Portrait.
Reconnue parmi ses pairs pour son engagement social, Meriem Othmani est avant tout une femme d’affaires chevronnée. C’est ainsi qu’elle se lance, en 1971, dans l’entrepreneuriat en créant une entreprise d’achats et de distribution, Sicopa, qui compte aujourd’hui près de 60 employés. Nommée pendant 3 ans en tant qu’administrateur au sein de la Banque Populaire, elle crée la société de textile « Maison des dunes » qu’elle voue à l’export. Elle est alors membre de la CGEM, de la Chambre Française de Commerce et d’Industrie à Casablanca, mais également de l’ESPOD et de l’AFEM, qui réunissent respectivement les femmes entrepreneurs et chefs d’entreprise marocaines.
L’appel de l’action sociale
Portée par le désir de s’investir dans l’action sociale, elle intègre, en 1980, l’association « L’heure joyeuse », qui lutte contre l’exclusion sociale et professionnelle. Un véritable tournant qui marque le début d’une passion profonde pour le service d’autrui, dans le cadre du bénévolat. Afin de subvenir en lait à des bébés dénutris, elle innove et instaure, pour la première fois au Maroc, des ordres de virement permanent permettant à des donateurs de verser mensuellement une somme au profit de toutes catégories d’exclus. Durant 18 années riches en réalisations, « L’heure joyeuse » est notamment reconnue d’utilité publique et Meriem initie une opération de distribution de 1000, 50 000 puis 100 000 cartables au profit d’enfants défavorisés dans le milieu rural.
La naissance de Insaf
En 1999, elle crée l’Institution Nationale de Solidarité avec les Femmes en détresse (INSAF), qui prévient l’abandon des enfants et l’infanticide. INSAF soutient aujourd’hui plus de 10 000 femmes célibataires ainsi que leurs bébés, et s’est implantée dans des maternités de Casablanca où sont dispensés des cours de d’alphabétisation, d’employabilité, de cuisine et de coiffure. En 2002, une vaste opération dédiée aux « petites bonnes » permet de rendre 400 jeunes filles à leurs familles, leur offrant les moyens nécessaires afin qu’elles puissent être scolarisées dans les meilleures conditions. Et la réussite est à la clé : ce sont 10 anciennes très jeunes travailleuses qui ont, cette année, décroché leur baccalauréat. Gratifiée de la mention spéciale du prix des droits de l’homme de la République Française en 2003, l’association oeuvre également au sein de la prison Oukacha, au profit des femmes détenues et de leurs enfants.
Lutte contre la mortalité néonatale
En 2011, Meriem Othmani contribue à la création de l’association « Hayat Chaîne de Vie », dont elle est vice-présidente. Objectif : lutter contre la mortalité néonatale au Maroc, en adoptant des gestes simples qui pourraient sauver des vies. Au terme de vagues de sensibilisation de proximité, ce sont près de 4000 sages-femmes qui sont formées aux « quatre gestes qui sauvent », et le résultat est sans appel : 10 000 enfants ont été sauvés et 23 000 autres ont évité un handicap lourd, pour une réduction de 35% du taux de mortalité infantile au Maroc. Un exploit qui a valu à l’association un prix de 500 000 dollars décerné par le laboratoire Merck. Pour l’avenir, Meriem a une bienveillance particulière envers ceux et celles qui souffrent, où qu’ils soient : « Je souhaite que plus de bonheur soit transmis aux plus démunis. Parfois, il suffit d’un sourire et de mots agréables pour redonner toute leur dignité à ceux que la vie a le moins gâté ». Le 1er janvier 2019, ses 47 ans de services rendus sont récompensés par la Légion d’Honneur, plus haute distinction honorifique française. “C’est une immense fierté que de figurer auprès de personnalités pour lesquelles j’ai un profond respect et une grande admiration”, déclare-t-elle.
Un véritable exemple à suivre, qui a su concilier une grande persévérance, un professionnalisme soutenu et une passion sans faille pour les causes justes.