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En Côte d’Ivoire, Rita Dro installe des « boites à livres » pour promouvoir la lecture


Depuis six ans, Rita Dro installe des boites à livres dans les zones rurales, mais aussi dans les quartiers de métropoles en Côte d’Ivoire. Des microbibliothèques que la journaliste et bloggeuse ivoirienne a décidé d’implanter pour inciter les Ivoiriens, plus particulièrement les enfants à lire. En quelques années, ses « boites à livres » ont essaimé dans le pays, atteignant plus d’une centaine à ce jour et ont impacté plus de 40 000 enfants.

« Notre boite à livres », un concept importé par Rita Dro en Côte d’Ivoire, est l’histoire d’une passion de la journaliste pour les livres, mais aussi un désir d’améliorer l’éducation dans son pays. En 2019, lorsqu’elle découvre par hasard le concept de « boites à livres » en parcourant facebook  – une idée née en Occident dans les années 2000 – elle est aussitôt fascinée. Mordue de lecture, la bloggeuse décide de s’en inspirer pour partager tous les livres qu’elle a accumulés au fil de ses lectures. « Sur Facebook, j’avais lu le récit d’un Américain ayant perdu sa mère, une passionnée de lecture qui avait pour habitude de partager ses livres à ses voisins. A sa mort, son fils souhaitait perpétuer son geste, mais en parallèle, il était contraint de reprendre le travail. C’est ainsi, que lui est venue l’idée d’installer une boite à livres devant le domicile de sa mère, permettant ainsi aux voisins de s’y servir en toute liberté», raconte-t-elle à Africa Women Experts.

En février 2019, elle installe une boîte à livres devant sa maison et commence à partager ses ouvrages avec les enfants du quartier, intrigués par l’initiative. « Nous avions passé un accord avec les enfants : pour chaque livre qu’ils empruntaient, ils devaient écrire un résumé pour me rassurer qu’ils l’avaient effectivement lus », raconte –t-elle. En parcourant les résumés, elle découvre les lacunes des enfants en matière d’écriture. « J’ai remarqué que les élèves de 4e collège étaient incapables d’écrire correctement. Lorsqu’ ils faisaient une dictée, celle-ci était truffée de fautes. J’ai donc pris la décision de les aider. Un samedi sur deux, nous nous retrouvions chez moi avec une dizaine d’enfants pour travailler », confie-t-elle.

En tant que bloggeuse, elle partage ses diverses activités sur les réseaux sociaux. L’initiative ne manque pas de susciter l’intérêt des internautes, y compris ceux qui étaient sceptiques au départ. Elle est ensuite contactée par des particuliers à Yopougon, Abidjan… pour installer des mini bibliothèques chez eux. Des maisons d’édition, ainsi que des particuliers se rallient également à l’initiative par des dons de livres. Des institutions se mobilisent à leur tour et s’engagent à soutenir le projet, en finançant la mise en place de plus d’une vingtaine de boites à livres.

Ramener le livre dans les zones rurales

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En plus de rendre le livre accessible, Rita Dro fait du concept de « boites à livres » une solution pour améliorer l’éducation des jeunes dans les zones rurales où le taux de déperdition scolaire est encore très élevé. Depuis trois ans, elle se consacre à la mise en place de boites à livres et le suivi des enfants dans les communautés rurales. En partenariat avec la Fondation Internationale Cocoa Initiative, financée par les fabricants de chocolat pour lutter contre le travail des enfants dans la production de cacao en Afrique de l’Ouest, elle installe depuis 2022 des boites à livres dans les communautés rurales pour offrir une éducation aux enfants des producteurs de cacao. « Les populations de ces zones aspirent à une éducation de qualité pour leurs enfants et une telle éducation implique le développement des compétences de lecture chez les enfants. Durant la première année, nous avons installé trente-trois boites à livres financés par la fondation ; l’année suivante, nous sommes passés à quarante six microbibliothèques », explique –t-elle.

Outre l’installation de coffrets à livre dans les écoles, l’initiative s’articule autour de plusieurs activités, notamment la sensibilisation des parents sur l’impact de la lecture sur leurs enfants, des ateliers d’écriture hebdomadaires animés par les coordinateurs locaux désignés par l’association « Notre boites à livres » sur 6 mois, ainsi que la Compétition de lecture. « Nous visons à susciter l’émerveillement des enfants. Vivant dans les zones rurales, ils n’ont pas souvent l’opportunité de se rendre en ville. Dans le cadre du concours de lecture, nous les réunissons donc avec leurs parents à Yamoussoukro ou Abidjan où ils séjournent dans un grand hôtel, offrant des services modernes. L’objectif est de leur créer des souvenirs agréables en rapport avec la lecture et de les inspirer. A la fin de la première édition de ce concours, les enfants qui y avaient participé sont devenus nos commerciaux en vantant l’initiative auprès de leurs amis », explique –t-elle. Pendant les vacances, l’association propose aussi des activités telles que la « Dictée du quartier » qui est à sa 2e édition et qui permet d’évaluer l’impact de la lecture sur les capacités d’écriture des enfants. Selon la journaliste, toutes ces activités visent à redresser le désintérêt des enfants ivoiriens par rapport à la lecture, confirmé par des études ayant classé le pays à l’avant-dernière marche sur les pays où les enfants de classe de CE1 ne maitrisaient pas la lecture. « Cette initiative est une solution que nous apportons à l’Etat de Côte d’Ivoire à travers le ministère de l’éducation, mais aussi aux particuliers et aux grandes entreprises qui souhaitent apporter une éducation de qualité aux enfants de leurs producteurs », souligne-t-elle.

Plus de 40 000 enfants impactés en 6 ans

Malgré des difficultés au départ liés, notamment à la réticence de plusieurs vis-à-vis de son projet, Rita Dro a pu installer une centaine de boites à livres en six ans et impacter plus de quarante mille enfants. « L’impact est réel. Après plusieurs mois de suivi, les enfants qui ne savaient pas lire une phrase parviennent à lire aujourd’hui des chapitres devant tout le monde avec confiance. Nous avons aussi remarqué que les enfants qui participaient à nos ateliers réussissaient plus le concours d’entrée au collège », confie-t-elle. En outre, l’association « Notre boite à livres » a permis d’offrir des emplois à une dizaine de personnes, mais aussi de recruter des dizaines de bénévoles qui contribuent à promouvoir la lecture auprès des enfants ivoiriens.

Aujourd’hui, l’Ivoirienne aspire à installer plus de boites à livre à travers toute la Côte d’Ivoire, en profitant du boom des projets immobiliers pour inciter les promoteurs à intégrer les mini bibliothèques dans leurs plans de construction. Son but est aussi de diffuser à l’international l’expérience « ivoirienne » du concept des boites à livres pour la faire connaître et reproduire cette initiative dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest confrontés également à des défis d’éducation.

 

Danielle France Engolo