Géographe et militante tchadienne pour l’environnement, Hindou Oumarou Ibrahim est engagée pour défendre les droits des peuples autochtones du Tchad, en proie aux effets du changement climatique.
Depuis plus d’une vingtaine d’années, elle milite pour la défense des droits de la communauté nomade mbororo, connue pour élever des troupeaux dans la région du Lac Tchad depuis des milliers d’années et confrontée aujourd’hui aux conséquences du réchauffement climatique, entre autres l’assèchement du Lac Tchad, la dégradation des pâturages… Une situation qui génère des conflits entre les éleveurs et les agriculteurs de la région.
C’est en 1999, à seulement 15 ans, qu’elle crée l’association des femmes peules autochtones du Tchad (AFPAT) pour défendre les droits des peuples autochtones du Tchad et promouvoir leur inclusion dans le mouvement mondial de lutte contre les effets du changement climatique.
A travers cette association, elle travaille depuis des années à rassembler la communauté des autochtones pour faire face ensemble aux défis et répondre aux préoccupations collectives. Au cours des dernières années, elle a apporté des solutions à ces populations, à travers, entre autres la cartographie participative des ressources naturelles par les autochtones. Cette solution a, notamment contribué à atténuer les tensions entre les communautés et aider les autorités locales à mieux gérer les ressources naturelles.
Grâce à ces efforts, l’association a participé à des négociations internationales sur le climat, mettant en avant le travail accompli par Hindou Oumarou, ainsi que son engagement au Tchad. En 2015, elle a été désignée co-présidente du Forum international des peuples autochtones sur les changements climatiques lors de la COP21 à Paris. Elle a de même été co-directrice du pavillon de l’initiative mondiale des peuples autochtones à la COP21, COP22 et COP23.
Aujourd’hui, elle occupe plusieurs postes. Elle est, notamment membre du comité scientifique et technique du projet BIOsphères et Patrimoines du Lac Tchad (BIOPALT), présidente du Conseil de la fondation autochtone FSC, coordinatrice de l’association des femmes peules et des peuples autochtones du Tchad et coordinatrice du comité de coordination des peuples autochtones d’Afrique (IPACC).
En 2017, elle a été nommée « Exploratrice des solutions » par National Geographic. Elle a également fait partie du classement 100 Women 2018 des Femmes de la BBC. En 2019, elle a décroché le Prix du génie environnemental émergent (Pritzker Emerging Environmental Genius Award), ainsi que le Prix Rolex en 2021, une récompense décernée aux personnes ayant eu le courage et la conviction de relever des défis majeurs et bénéfiques. Elle a également été classée la même année parmi les 100 femmes africaines les plus influentes par Avance Media.