Essma Ben Hamida est une ancienne journaliste et entrepreneuse tunisienne ayant contribué au développement du microcrédit en Tunisie. En 1990, elle cofonde avec son époux, Enda Inter-arabe, une ONG de développement internationale, qui introduira la microfinance en Tunisie vers la fin des années 90, précisément en 1995. L’organisme dispose d’une centaine d’agences à ce jour dans le pays.
Essma Ben Hamida se définit comme une activiste de l’inclusion financière et sociale et du développement. En près de trente ans d’engagement dans le micro-crédit, elle aurait touché près d’un million de micro-entrepreneurs.
Diplômée en géographie et histoire de l’Université de Tunis dans les années 70, elle entame sa carrière dans le monde des médias, en tant que journaliste, un métier qui la passionne. Elle obtient par la suite une bourse pour suivre des études d’urbanisme. Elle se rend à Paris, puis à New-York. Elle abandonne finalement ses études, après avoir été embauchée en 1978 comme journaliste et correspondante pour Tunis Afrique Presse à l’ONU. Elle reste encore trois ans aux Etats-Unis et est recrutée en 1981 comme journaliste-correspondante à Rome par la Fondation internationale pour un Autre Développement et Inter Press Service. Elle est notamment chargée de couvrir les activités de développement de toutes les agences de l’ONU, entre autres le PAM, l’OMS, le Fonds des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ainsi que celles des ONG italiennes et internationales basées à Rome. Cette expérience lui permet de découvrir les défis de financement et d’accès aux marchés par les femmes en Afrique. Durant son séjour à Rome, elle rencontre aussi Michael Cracknell, un Britannique, au Bureau des Nations Unies avec qui elle se mariera.
Introduire le microcrédit en Tunisie
En 1989, le couple choisit de retourner en Tunisie et de s’y installer. Frustrés par la lenteur du développement malgré les innombrables résolutions et programmes de développement des Nations Unies, ils décident d’adapter dans le pays le concept du microcrédit inspiré du fondateur de la Grameen Bank au Bangladesh, Muhammad Yunus. Le couple s’appuie sur l’ONG internationale Enda Tiers Monde et décide de se focaliser sur les femmes comme la Grameen Bank.
En 1990, ils fondent Inter-arabe (Enda-ia) qui fait partie du Réseau Enda Tiers-Monde. A partir de 1993, l’association travaille sur le développement durable et l’inclusion des populations vulnérables. A partir de 1995, elle se tourne vers le micro-crédit. En 2015, Enda Inter-Arabe crée une société de microfinance, Enda Tamweel, spécialisée dans le micro-crédit et la micro-assurance. L’organisme dispose d’une centaine d’agences en Tunisie qui ont accompagné près d’un million de micro entrepreneurs, dont 60% de femmes à ce jour. En près de 30 ans, Enda a accordé des prêts d’une valeur de près de 6 000 millions de dinars.
En raison de son implication dans le développement du microcrédit en Tunisie, Essma Ben Hamida a reçu plusieurs distinctions et récompenses. En 2010, elle a été élue « Meilleure Entrepreneure Sociale » par Schwab Foundation. Elle a aussi présidé pendant plusieurs années le Conseil d’administration de Sanabel, le réseau de microfinance des pays arabes.