Patricia Kingori est une sociologue kényane spécialisée dans l’étude de la pseudoscience et de la désinformation. Professeure titulaire à l’Université d’Oxford, elle est l’une des plus jeunes femmes et enseignant(e) s d’ascendance africaine à être titularisée par l’institution.
Originaire du Kenya, Patricia Kingori a été nommée ce mois de Décembre professeure titulaire de sociologie et d’éthique de la santé mondiale à l’Université d’Oxford. Elle est connue pour ses recherches qui combinent à la fois la sociologie de la science, la médecine et l’éthique.
Née au Kenya, elle passe son enfance à Saint Kitts dans les Caraïbes. Elle s’envole ensuite pour Londres à son adolescence et étudie à la Royal Holloway à l’Université de Londres. Elle se spécialise, notamment dans la sociologie. Une passion née de son éducation et de son enfance passée dans différents pays. « Quand tu as vécu dans différents pays, tu te retrouves à te demander : qu’est ce qui fait fonctionner cette société et qu’est ce qui la rend particulière par rapport à une autre ? », explique –t-elle sur le site de Wellcome Trust.
Après une licence en sociologie en 2000 à l’Université de Londres, elle obtient en 2001 un master en sociologie médicale au sein de la même université. Après avoir cherché pendant longtemps un financement pour sa thèse, elle obtient en 2007 une bourse doctorale de la fondation caritative médicale Wellcome Trust. Ce qui lui permet de mener ses recherches à l’Ecole d’Hygiène et de médecine tropicale de Londres. Elle s’envole alors pour le Kenya où elle mène ses travaux de terrain et est rejoint quelque temps après par sa famille. Mais fin 2007, en raison de la crise politique qui sévit dans le pays et étant enceinte, elle est contrainte d’abandonner ses recherches pour retourner en Angleterre.
De retour à Londres, se pose alors la question de comment poursuivre ses recherches. Grâce au concours de la fondation, elle bénéficie d’un nouveau soutien, lui permettant de trouver de nouveaux encadrants pour continuer ses recherches. Dix mois plus tard, elle retourne au Kenya pour poursuivre son travail de terrain et ses recherches. « Cette expérience a tout façonné : de la manière dont j’ai collecté des données aux relations qui ont suivi », confie-t-elle sur le site de Wellcome Trust.
Après avoir obtenu son doctorat en 2013, elle poursuit une formation postdoctorale. Elle décroche, notamment une bourse pour mener des recherches au Centre Ethox à l’Université d’Oxford sous la supervision du professeur Michael Parker et choisit cette fois de mener ses recherches dans trois pays, notamment la Gambie, le Cambodge et l’Ouganda.
Une chercheuse qui étudie le faux
Dans ses travaux, elle étudie, notamment le faux dans le domaine médical. Elle travaille spécifiquement sur ce qu’elle appelle « le véritable faux », en d’autres termes le fait qu’une chose puisse être réelle et fausse à la fois. Elle explore cette notion, notamment dans la production de la connaissance et les médicaments. Elle s’intéresse, entre autres à la fabrication de données par les chercheurs sur le terrain. « Cette idée m’est venue en observant les travailleurs sur le terrain et les gens qui fabriquent des données. Ils passent plus de temps à fabriquer des données qu’à les collecter correctement. Ils connaissent si bien leurs participants qu’ils n’ont pas besoin de leur poser certaines questions. Ils peuvent deviner avec précision leurs réponses », explique –t-elle dans le podcast « Explorer le véritable faux » publié sur le site de l’Université d’Oxford. Elle s’intéresse aussi aux faux journaux scientifiques et aux intellectuels de l’ombre, qui écrivent des articles, essais et thèses pour d’autres. Enfin, dans ses travaux, elle mène des recherches sur le faux dans la production des médicaments et enquête sur la manière dont les professionnels de santé parviennent à distinguer les médicaments authentiques des faux sur la base de l’expérience ou de l’emballage. Ses travaux abordent aussi les fausses informations, les faux diplômes…
En 2018, elle est nommée professeure associée et enquêtrice principale à la Fondation anglaise Wellcome Trust. En novembre dernier, elle a été nommée professeure titulaire à l’Université d’Oxford, devenant l’une des rares jeunes femmes et enseignant (e) s d’ascendance africaine à être titularisée au sein de l’Institution.
En raison de ses travaux, Patricia Kingori a obtenu le Prix de mérite de l’Université d’Oxford. En 2015, elle a été classée dans la Powerlist, le classement des 100 personnes d’ascendance africaine et caribéenne les plus influentes en Angleterre.