Au Kenya, Phyllis Omido milite pour protéger la population des effets néfastes des déchets toxiques produits ou exploités par les industries. Ancienne employée d’une fonderie, elle dénonce celle-ci d’être à l’origine de l’intoxication par le plomb responsable de nombreux problèmes de santé d’enfants, de la mortalité infantile…dans des bidonvilles et quartiers défavorisés du pays. En 2014, elle obtient gain de cause, ce qui conduit à la fermeture définitive de cette usine et de bien d’autres, plus tard.
Ce n’est pas sans raison que la Kényane Phyllis Omido est comparée à Erin Brockovich, cette militante Américaine de l’environnement ayant révélé une affaire de pollution des eaux potables en Californie dans les années 90 à l’origine de morts et de maladies graves comme des cancers. Au Kenya, la jeune femme s’engage corps et âme pour faire valoir la santé des populations sur toute autre considération économique ou l’essor de certaines industries. Elle se démarque en contribuant à la fermeture d’une société dont les activités étaient nocives pour la santé publique.
Diplômée en gestion de l’Université de Nairobi, elle travaille dans les industries au Kenya, dont une usine qui est spécialisée dans l’extraction de batteries de voiture d’occasion dans le bidonville d’ Owino Uhuru. L’entreprise qui exploite le plomb qui se trouve dans les voitures d’occasion et qui mène ses activités depuis 2007, rejette en parallèle les émanations de plomb dans l’environnement, les terres, l’eau, empoisonnant ainsi les cours d’eau utilisés par les habitants pour se baigner ou pour s’approvisionner en eau. En 2009, en tant que cadre des ressources humaines au sein de cette usine, elle mène une étude d’impact environnemental, en collaboration avec un expert de l’Autorité nationale de la gestion de l’Environnement. Celle-ci révèle que l’usine doit impérativement fermer en raison de son énorme impact environnemental, mais la direction de l’entreprise rejette en bloc ces conclusions.
Un an après, en 2010, l’affaire prend une tournure personnelle pour la jeune femme, car son fils tombe malade. Et les analyses réalisées révèlent un empoisonnement au plomb, une conséquence de l’activité de l’usine. Pour en avoir le cœur net, elle décide de faire des analyses médicales à 3 autres enfants de la région. Les résultats sont les mêmes : un taux élevé de plomb dans le sang de ces enfants.
Elle entame alors une campagne pour fermer l’usine et fonde l’organisation « Centre pour la justice, la gouvernance et l’environnement ». Son engagement pour arrêter les activités de cette usine lui vaut, son fils et elle, des menaces, des agressions en 2012. Face à l’inertie des autorités, du gouvernement, des entreprises, elle décide donc d’organiser des manifestations. Elle est aussi arrêtée et emprisonnée pour « incitation à la violence et au rassemblement illégal ». Mais le juge l’innocente et conclut que son action est conforme à la loi.
Elle obtient par la suite le soutien de plusieurs organisations et rencontre dans le même cadre le Rapporteur spécial de l’ONU sur les déchets toxiques. Une rencontre de haut niveau qui pousse le sénat kényan à mener une évaluation de l’impact environnemental de l’activité de l’entreprise. L’usine est finalement sommée de fermer définitivement en 2014.
Après ce bras de fer qu’elle remporte, elle s’engage de manière acharnée à la cause environnementale. Grâce à son lobbying, elle obtient la relocalisation de trois fonderies de déchets toxiques dans des quartiers pauvres et urbains dans d’autres parties de la ville de Mombasa.
En 2015, elle fait partie des 6 personnes à décrocher le Prix Goldman pour l’environnement décerné aux défenseurs de l’environnement dans le monde. En 2020, elle est aussi classée parmi les 100 BBC Women.