Courageuse, forte, Diaryatou Bah est une militante et écrivaine féministe guinéenne qui lutte contre l’excision. Victime de cette pratique à 8 ans et d’un mariage forcé à 14 ans, elle a fait de son histoire une arme pour défendre les droits des femmes et se reconstruire. Elle est l’auteure de l’ouvrage « On m’a volé mon enfance » publié en 2006.
A travers son association « Espoirs et Combats de femmes » qu’elle fonde en 2006, Diaryatou Bah mène un combat acharné contre l’excision, une pratique qu’elle subit elle-même alors qu’elle est encore enfant.
Née en Guinée en 1985 dans une famille polygame, elle passe son enfance chez sa grand-mère, car sa famille est très grande, 32 enfants, 4 épouses et sa mère ne peut prendre soin d’elle. Elle passe une vie heureuse auprès de sa grand-mère jusqu’au jour où à ses 8 ans, elle est excisée dans des conditions sanitaires très précaires. Un souvenir horrible dont elle se rappelle la douleur jusqu’à ce jour. Mais sa souffrance ne s’arrête pas là. De retour auprès de ses parents, elle est mariée à l’âge de 14 ans à un homme de 44 ans se faisant passer pour un employé dans une grande institution mondiale. Ce dernier l’emmène en Hollande, puis à Paris.
Elle vit l’enfer. Ne parlant ni hollandais, ni français, et n’ayant aucune éducation, elle dépend totalement de celui-ci. Elle subit des violences physiques et sexuelles et fait 3 fausses couches.
En 2003, à ses 17 ans, laissée seule dans leur appartement aux Lilas, dans la banlieue de Paris, elle parvient à s’échapper et à trouver de l’aide auprès d’associations de femmes et divorce par la suite.
Se reconstruire en militant
Loin de son ex- mari, elle commence à se reconstruire. A 18 ans, elle apprend le français, et prend conscience de l’importance pour les femmes d’être éduquées et surtout de connaître leurs droits. En Avril 2006, à 21 ans, elle publie « Ils ont volé mon enfance », un ouvrage où elle raconte son histoire et qui a été traduit en plusieurs langues. En juillet de la même année, elle fonde l’association « Espoirs et combats de femmes » pour militer contre l’excision. L’association informe, notamment sur l’excision, écoute les femmes qui l’ont subie, organise des groupes de paroles et des réunions d’informations et dirige les femmes vers des médecins, des psychologues selon leurs besoins. « L’excision est une atteinte à l’intégrité des femmes, une atteinte aux droits humains. C’est une pratique cruelle, une torture qui laisse des traces psychiques sur les femmes qui l’ont subie. Il faut que cette pratique disparaisse », souligne-t-elle.
Son association s’associe également à d’autres groupes qui luttent contre l’excision, comme le GAMS, pour organiser des évènements le 6 février de chaque année, qui est la Journée internationale de lutte contre les mutilations génitales féminines. Pendant deux ans, elle a été également Présidente de l’organisation « Excision, parlons-en ! ». Elle participe aussi à de nombreux colloques sur l’excision et organise des évènements pour sensibiliser l’opinion publique sur cette question et des marches en mémoire des femmes mortes sous les coups de leur compagnon. Face aux chiffres de l’excision qui ont augmenté avec le confinement lié à la pandémie, la Guinéenne est aujourd’hui plus que déterminée à continuer à sensibiliser l’opinion publique sur la question et à interpeller les gouvernements à renforcer les lois contre l’excision et à les faire respecter.
En raison de son combat contre l’excision, elle a reçu en 2018, le Prix du courage « Elles de France » de la présidente de la région île de France Valérie Pécresse. En début 2021, elle a reçu le soutien de Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat française chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes.
Diaryatou Bah est aujourd’hui maman de deux enfants.