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Tunisie : Racha Haffar, militante contre le trafic d’êtres humains


Racha Haffar est une militante tunisienne engagée dans la lutte contre le trafic d’êtres humains et l’esclavage moderne. Ayant échappé de justesse à un réseau de trafiquants de jeunes filles à l’âge de 18 ans, elle fonde en 2016 « Not 4 Trade », une ONG qui milite contre le trafic d’êtres humains en Tunisie.

A 31 ans, Racha Haffar est une activiste tunisienne impliquée dans la lutte contre le trafic humain, l’esclavage sexuel, le travail forcé, l’exploitation sexuelle. Son engagement lui a d’ailleurs valu plusieurs récompenses, notamment le Women’s Rights Award de l’Association des Nations unies, le « Leadership Award » de l’Université de Kentucky et un prix de la Fondation Thomson Reuters

Pour la Tunisienne, la lutte contre le trafic humain est un « devoir personnel et une mission de vie ». Tout commence à ses 18 ans, quand, après avoir obtenu une bourse d’études pour l’Angleterre, elle décide de chercher en ligne un travail comme babysitter.  Après avoir contacté plusieurs familles en Angleterre, qui lui font miroiter le bonheur qui l’attend, elle se rend compte que ces dernières sont réticentes à vouloir communiquer par vidéo. Ayant insisté pour avoir une photo d’une famille, celle-ci lui envoie une fausse photo. Très vigilante, elle fait des recherches en ligne. C’est alors qu’elle réalise que c’est de cette manière que plusieurs personnes trafiquaient des filles à des fins d’exploitation à l’étranger. Elle laisse tomber la bourse et étudie finalement en Tunisie. 

Des années plus tard, lors d’un voyage en Italie dans le cadre de son double master en relations internationales et développement international entre les universités de Tunis et Palermo en Italie, elle fait la rencontre d’une survivante nigériane victime d’exploitation sexuelle pendant plusieurs années qui lui raconte son histoire. Elle décide donc de consacrer son mémoire de master au « trafic des femmes dans la Tunisie post-révolution », et découvre par la même occasion qu’il n’existe pas d’ONG locale luttant contre ce phénomène en Tunisie. « Cela m’a fait sentir la responsabilité de fonder la première organisation à but non lucratif en Tunisie spécialisée dans la traite », nous confie-t-elle.

« Not 4 Trade », un combat en faveur des migrants, des femmes, des jeunes

En 2016, à 26 ans, elle fonde « Not 4 Trade ». L’ONG travaille, notamment sur des partenariats pour la prévention contre le trafic d’êtres humains par l’éducation, la formation, le renforcement des capacités… de la société civile, des médias, des jeunes leaders. Elle œuvre en outre en faveur des migrants subsahariens victimes de traite en Tunisie en s’activant pour changer les situations qui les rendent vulnérables à ce phénomène. L’ONG s’engage aussi en faveur des femmes pour les protéger contre le trafic humain en les éduquant, notamment. « J’ai réalisé qu’à mes 18 ans, j’aurais pu être victime de ces trafiquants, mais j’ai eu le privilège d’avoir accès à l’information, à Internet. J’avais donc un moyen de m’en sortir, avant de tomber dans ce piège. Mais d’autres filles sont dupées parce qu’elles ont besoin de trouver des moyens de vivre et ces trafiquants abusent de cette vulnérabilité », nous explique-t-elle.

En quatre ans d’activités, l’ONG a fait face à de nombreux obstacles, entre autres, l’exclusion, le manque de financement… « Il n’y avait pas de financement. J’ai parlé à tous les bailleurs de fonds en Tunisie et j’ai eu des promesses, puis les gens se sont désistés. C’était vraiment difficile, mais cela ne m’a pas arrêté. Aujourd’hui encore, je fonctionne sans buget », nous explique-t-elle. 

En dépit de ces défis, l’ONG compte poursuivre son combat, en lançant prochainement une initiative baptisée « Youth Against Slavery Movement ». Ce nouveau projet vise à créer une nouvelle vague de jeunes militants engagés pour travailler sur la traite, mais avec un nouveau regard qui consiste à s’attaquer à ses causes profondes. Son ambition est de changer le récit autour de la traite des êtres humains et de l’esclavage moderne et veiller à intégrer les jeunes au cœur de tous les processus, pour que leurs voix soient entendues et que leur travail dans la lutte contre la traite soit reconnu.