Absa Sar Chay est une entrepreneure sénégalaise passionnée d’arts de la table. En 2019, après avoir passé huit ans dans une multinationale active dans l’agro-alimentaire, elle lance « Wax on the table ». Un concept de vaisselle ethnique qui allie la porcelaine de Limoges et les couleurs, graphismes et motifs inspirés du wax africain.
Du wax sur de la porcelaine, un concept qui éveillait la curiosité de plusieurs personnes à qui elle partageait son projet au tout début, se rappelle encore Absa Sar Chay. Mais en moins d’un an, son concept a pu convaincre plusieurs professionnels de la fabrication de la porcelaine restaurateurs, traiteurs, particuliers… en Europe, en Amérique et en Afrique.
C’est en 2019, après huit années dans une multinationale active dans l’agro-alimentaire, en tant qu’assistante de facturation, que la Sénégalaise entame son aventure entrepreneuriale sur fonds propres. Enceinte de son 3eenfant, elle décide de découvrir autre chose. « J’avais le sentiment d’avoir fait le tour de mon poste. J’avais besoin d’accomplissements et je savais au fond que la réponse se trouvait dans l’entreprenariat. Seul le secteur d’activité m’était inconnu», nous confie-t-elle. L’idée de « Wax on the table » lui vient alors durant son congé de maternité.
Née en France, d’une mère fonctionnaire et d’un père consultant international et entrepreneur, elle découvre dans son enfance l’art de la table de manière inconsciente. Feu son père était très attaché à certains codes de la table française et a tenu à perpétuer ce rituel du diner à table chaque soir en famille avec des services de vaisselle de qualité et en porcelaine, des sets de tables etc. en bois venus d’Afrique. Une tradition familiale qu’elle considère comme un legs de son père. « Quand j’ai trouvé ce projet, ça m’a tout de suite parlé. C’était une évidence. C’est comme un legs que mon père nous a laissés », confie-t-elle.
Promouvoir la culture africaine
En 2019, cette diplômée en BTS d’assistante de gestion PME-PMI lance sa société « Wax on the table ». Il s’agit d’un concept qui consiste à allier la porcelaine de Limoges et les motifs du wax africain. A travers des techniques de décalcomanie et de sérigraphie, les designs, motifs et couleurs du wax considéré comme le tissu africain par excellence sont imprimés sur les assiettes. En plus du wax, l’entrepreneure compte exploiter aussi d’autres tissus africains comme le Kente, le Ndop, le Korhogo pour les allier à la porcelaine.« Je suis née en France, mais la culture africaine est celle qui a fait de moi ce que je suis », souligne-t-elle.
A travers sa marque, elle cible les hôtels, les restaurants, les traiteurs, les acteurs de l’évènementiel, les wedding planners pour assurer les mariages, entreprises… En moins d’un an, elle a pu traiter des commandes pour des clients en France, Belgique, Angleterre, Luxembourg, au Canada, aux Etats-Unis, et devrait prochainement s’étendre au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Ses articles qui se déclinent en des services d’assiettes sont commercialisés sur son site de e-commerce, ainsi que sur d’autres plateformes d’e-commerce spécialisés dans les produits africains. D’ailleurs, à terme, un de ses objectifs est d’ouvrir une boutique à Paris.
Vaincre le syndrome de l’imposteur
Pour lancer « Wax on the table », Absa se rappelle avoir affronté ses peurs. « Cela m’a pris deux ans pour déclarer la société. Il y’avait ce syndrome de l’imposteur qui pousse à s’interroger sur sa légitimité, sa capacité à réussir, surtout en étant mère de quatre enfants, sans compter que l’entreprenariat est un risque », se souvient-elle. Pour s’en sortir, elle suivra des formations en ligne, des MOOC, des masterclasses, des master minds pour le développement personnel. Autre défi qu’elle a dû braver, le manque d’expérience des porcelainiers français dans le traitement des motifs africains. «Les motifs africains nécessitent plus de travail que les graphismes français et européens.Ils n’avaient pas l’habitude de travailler nos motifs. Les bons à tirer ont dû être retravaillés à plusieurs reprises pour un résultat optimal»,se rappelle-t-elle. Mais son plus grand challenge aura été d’avoir lancé sa société dans un contexte marqué par la pandémie de Covid 19. Une situation a ralenti tout travail de prospection de la société auprès des restaurants, traiteurs…eux-mêmes affectés par la pandémie. Mais qui ne décourage pas l’entrepreneure dont l’ambition est de devenir une référence en matière de porcelaine ethnique haut de gamme.