Du haut de la soixantaine, Fatimata M’Baye continue de défendre les droits des populations de couleur noire mauritaniennes encore victimes d’esclavage, des femmes victimes de violences ou de petites filles mariées de force, malgré les nombreux emprisonnements, tortures…dont elle a été victime. En 1991, elle crée l’Association mauritanienne des droits de l’Homme (AMDH) qui la fera connaître, jusqu’à devenir vice-présidente de la Fédération Internationale des droits de l’Homme (FIDH).
Mais son engagement pour la défense des droits des droits des femmes commence plus tôt. Agée de 12 ans, elle est mariée de force à un homme de 45 ans. Une union qui suscite en elle la révolte. Elle se bat pour avoir le divorce, ce qu’elle réussit à obtenir à 18 ans. Mais elle ne se limite pas là, car son désir est de défendre les droits des femmes mauritaniennes et de contribuer à leur donner plus de droits. « C’est une page de ma vie qui m’a permis de comprendre effectivement toutes ces petites filles qui sont mariées très tôt et à qui on vole tout simplement leur enfance», a t-elle déclaré à VOA Afrique.
Après avoir suivi des études de droit de 1981 à 1985 à l’Université de Nouakchott, elle décide de poursuivre une carrière d’avocate. Elle est alors la seule femme à s’inscrire au Barreau à l’époque. D’abord avocat généraliste, elle se spécialise avec le temps dans le droit des enfants et des femmes. Elle lutte aussi de manière active contre la discrimination des Mauritaniens de couleur noire encore victimes d’esclavage dans le pays. Un combat qui lui coûtera cher, notamment des emprisonnements, des tortures…
Malgré de nombreux démêlés avec la justice, en raison de son engagement pour l’abolition de l’esclavage des Mauritaniens de couleur noire, elle a continué à militer pour les droits de l’Homme, notamment pour mettre fin aux violences faites aux femmes, aux mutilations génitales sur les petites filles, à l’emploi inaccessible. Elle a, notamment obtenu la première condamnation pour l’exploitation des enfants en Mauritanie. Elle a aussi obtenu le premier acte d’accusation pour l’esclavage et l’une des premières peines de prison en vertu de la loi anti-esclavage de 2007 en Mauritanie.
En 1999, elle a obtenu le Prix international des Droits de l’Homme de Nuremberg. Et en 2012, le département d’Etat américain l’a récompensée du Prix « Trafficking in Persons Report ». En 2015, Jeune Afrique l’a classée dans le « Top50 des femmes les plus puissantes d’Afrique ». En 2017, l’ONU l’a nommée experte chargée d’enquêter sur les violences dans la région du Kasaï, en République Démocratique du Congo (RDC).