Fabriquer des masques à partir des chutes de tissus de son atelier, c’est l’initiative qu’a lancée depuis quelques semaines, la designer et créatrice de mode malienne, Awa Meité van Til. L’objectif étant de permettre à tous les Maliens de se protéger contre le Covid 19. L’atelier produit quotidiennement 50 à 80 masques en coton qui sont ensuite distribués aux populations locales.
Depuis quelques semaines, dans son atelier à Bamako, Awa Meité confectionne chaque jour, des protège-nez à base de tissus en coton produits au Mali. Face à la difficulté des populations locales de se doter de masques chirurgicaux et de les changer régulièrement, elle a décidé de fabriquer des masques en coton qui peuvent être lavés et donc, être réutilisés. « Nous avons commencé à recycler les chutes de tissus en coton de mon atelier, à les laver et à en faire des cache-nez », explique-t-elle. Par la suite, « comme le nombre était insuffisant, j’ai acheté du tissu en coton en gros, pour qu’on puisse confectionner davantage de cache-nez ». Il ne s’agit pas de masques chirurgicaux, précise-t-elle, mais de cache-nez en coton qui évitent à la personne, lorsqu’elle tousse ou éternue, de contaminer son entourage.
Chaque jour, ce sont 50 à 80 cache-nez qui sont confectionnés et ensuite, distribués gratuitement aux populations. En plus de distribuer les masques, Awa et ses équipes interpellent également les populations au respect des mesures d’hygiène pour contrer le Covid19, dans le cadre d’une initiative citoyenne de sensibilisation baptisée « So Kadi ». « Nous leur donnons en plus des masques, du savon et une bouilloire, pour leur permettre de se laver régulièrement les mains. Nous leur précisons aussi qu’ils doivent laver régulièrement leurs masques à l’eau très chaude avant de les réutiliser », confie-t-elle. Pour diffuser leurs messages à une plus grande échelle, ils réalisent également des petites vidéos de bonnes pratiques d’hygiène dans les langues locales du Mali qui sont ensuite partagées sur les réseaux sociaux, ainsi que des messages d’artistes maliens.
L’initiative vise à contrer les inégalités frappantes qui existent non seulement au Mali, mais dans plusieurs pays subsahariens, quand il s’agit de respecter les mesures d’hygiène contre le Covid19. En ces temps, il est difficile à la population, dont au moins « 90% a du mal à offrir deux repas par jour à sa famille », de respecter ces mesures. Bien plus, le Mali comme plusieurs pays subsahariens fait face à une pénurie des masques chirurgicaux dans les pharmacies et à une flambée des prix de ceux-ci sur le marché. Et ce, au moment où les avis divergent sur l’efficacité et l’utilité des masques chirurgicaux et des masques et cache-nez en tissu à l’échelle mondiale. Tandis que certains professionnels de santé avancent que le port du masque chirurgical ne devrait être réservé qu’aux personnes infectées ou au personnel médical, d’autres estiment que l’efficience des masques en tissus ne peut être certifiée en l’absence d’étude. Pour d’autres encore, qu’il s’agisse des masques chirurgicaux ou en tissus, le problème réside plus dans la manipulation des masques. Ils recommandent de ce fait de les laver à 60 degrés au moins pour détruire les agents contaminants et se laver les mains après les avoir touchés.