Tebello Nyokong est une chimiste originaire du Lesotho. Spécialisée en chimie médécinale et nanotechnologie, elle mène des recherches depuis des années sur la photo-chimiothérapie. Une alternative à la chimiothérapie, qui permet de tuer les cellules cancéreuses du corps sans endommager celles qui sont saines.
C’est au début des années 90, que cette scientifique, de retour des Etats-Unis où elle a suivi des études postdoctorales en chimie, entame sa carrière. Après avoir enseigné brièvement à l’Université du Lesotho, elle rejoint en 1992, l’Université de Rhodes en Afrique du Sud. Si en cette période de l’Apartheid, il lui est difficile de se faire une place dans ce domaine très fermé de la recherche, elle finit par obtenir un laboratoire de recherche au sein de son université grâce à la Fondation Nationale de la Recherche. C’est là qu’elle mènera la plupart de ses recherches.
Trouver le premier traitement du cancer « made in South Africa »
Tout au début de ses travaux, elle se focalise sur la nanotechnologie et explore particulièrement le laser. Après avoir entrepris des recherches sur l’application du laser dans les soins de santé, elle décide d’explorer son utilisation dans le traitement du cancer. Elle mène des recherches sur la thérapie photo-dynamique, une méthode qui consiste à développer des molécules pouvant être utilisées comme capteurs chimiques pour détecter les molécules liées aux maladies. Contrairement à la chimiothérapie, cette technique permet de préserver les cellules saines et de tuer uniquement celles qui sont cancéreuses à travers des lasers. Si plusieurs travaux ont déjà été menés dans ce domaine, la particularité de la chimiste est de montrer comment la combinaison de la lumière laser avec des colorants et des nanoparticules peut permettre de détecter et traiter de manière plus sûre le cancer, en limitant les effets délétères de la chimiothérapie. Elle travaille, notamment sur une molécule extraite de la teinture pour jeans dont elle rêve de faire le premier traitement contre le cancer conçu en Afrique du Sud.
Engagée pour l’environnement et la formation des chercheurs africains
En plus de ses recherches sur le cancer, elle travaille également sur la problématique de l’eau en Afrique. Elle mène, notamment des recherches à l’Université internationale des États-Unis au Kenya et à l’Université d’Ottawa sur l’utilisation de la nanotechnologie dans la purification de l’eau. En tant que professeure de chimie médécinale et de nanotechnologie à l’Université de Rhodes en Afrique du Sud et directrice du Centre d’innovation en nanotechnologie (Mintek), elle se consacre également à la formation des jeunes scientifiques et professeurs africains au sein de son laboratoire. Selon le site de l’Université de Pretoria, ce sont plus de 70 étudiants en masters et doctorats qu’elle a supervisés et plus de 550 manuscrits (brevets, un livre et des chapitres de livres) qu’elle a publiés.
Tebello Nyokong est titulaire d’une licence en chimie et biologie qu’elle a obtenue à l’Université du Lesotho en 1977 et d’un master en chimie décroché à l’Université Mc Master d’Ontario en 1981. Elle possède également un doctorat en chimie décroché en 1987 de la même université. Elle a reçu plusieurs distinctions en raison de ses recherches, notamment le Prix scientifique Kwame Nkrumah attribué par l’Union Africaine en 2016 et le Prix l’Oréal pour les « femmes et la science » décerné par la Fondation L’Oréal en 2009.