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Pr Coumba Toure Kane : « Il ne faut pas prendre la chloroquine à titre préventif »


Coumba Touré Kane est professeure titulaire de microbiologie, bactériologie et virologie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar au Sénégal. Elle est directrice scientifique et responsable de la plateforme de biologie moléculaire à l’Institut de Recherche en Santé, de Surveillance Epidémiologique et de Formation (IRESSEF). Elle aborde la question du coronavirus en Afrique. Les propos.

Qu’en est-il de la propagation du coronavirus actuellement au Sénégal ?

Nous sommes à plus de 70 cas actuellement. Mais nous avons plusieurs patients qui sont guéris, notamment les premiers malades. Nous avons ouvert un nouvel hôpital pour les cas graves. Nous sommes en train d’ouvrir d’autres centres de traitement au niveau du pays. Pour les diagnostics, il n’y avait que l’Institut Pasteur au départ. Là, nous sommes entrain d’ouvrir d’autres centres de diagnostic, comme le Centre de recherche là où je travaille (IRESSEF), qui sera aussi chargé de la détection du coronavirus. Nous pensons également à le faire dans d’autres centres du pays pour accélérer le rendu des résultats.

L’Afrique fait-elle ce qu’il faut pour contrer cette pandémie ?

 Chaque pays africain a mis en place un plan de riposte, mais le problème majeur auquel nous serons confrontés, c’est l’approvisionnement. En Afrique, nous ne produisons presque pas. Tous les intrants dont nous avons besoin pour la prise en charge, viennent d’ailleurs. Si aujourd’hui, nous sommes en rupture d’intrants, comment pourrons-nous faire face au Covid19 ? Il faut mettre à l’épreuve l’ingéniosité africaine dès à présent pour trouver des solutions alternatives adaptées à notre contexte pour faire face à ce fléau. S’il n’y a plus de masques, que pouvons-nous faire en Afrique ? Quels types de respirateurs pouvons-nous créer? Nos ingénieurs doivent réfléchir à cela.

 Comment respecter les gestes barrière en Afrique où les gens ont tendance à vivre en groupe ?

Il faut renforcer la sensibilisation. Et il ne faut pas la faire seulement dans la langue officielle, mais dans l’ensemble des langues parlées dans le pays. Il faut aussi former des relais communautaires pour qu’ils expliquent en des termes compréhensifs aux populations les mesures préventives, afin qu’il y’ait une véritable prise de conscience.

 L’efficacité de la chloroquine est-elle prouvée aujourd’hui ?

Nous sommes en période de crise sanitaire et l’étude du professeur Raoult que nous saluons au passage et que nous respectons beaucoup n’a pas respecté toutes les conditions requises d’un essai clinique. L’efficacité a été prouvée in vitro au niveau du laboratoire et in vivo au bout de 6 jours. Mais, avant que l’on ne puisse faire une recommandation internationale de ce produit, il faudrait reprendre l’étude selon les règles d’un essai clinique. C’est à dire, une étude randomisée où le médecin ne sait pas ce qu’on donne au patient et où le patient ne sait pas ce qu’on lui donne. A la fin, on va comparer les résultats. S’ils confirment ce que le professeur Raoult a déjà trouvé, alors on pourra faire une recommandation internationale.

On a relevé des cas d’empoisonnements à la chloroquine au Nigéria…

 Il faut éviter que les gens ne prennent la chloroquine à titre préventif, car c’est une molécule qui a beaucoup d’effets secondaires. Il ne faut la prendre que sur prescription médicale. Si vous avez le coronavirus et que votre médecin a jugé nécessaire la prise de cette molécule, et vous présente les effets secondaires et que vous êtes d’accord pour la prendre, il va vous la prescrire. Il faut aussi savoir que si le coronavirus est diagnostiqué très tôt et si on prend en charge l’ensemble des signes que présente le patient, celui-ci peut en guérir.

Quel message adressez-vous aux Africains en ce moment?

 Il faudrait que les populations africaines croient en cette maladie. Elle existe. Nous pouvons l’endiguer, mais à condition de conjuguer nos efforts. J’invite les acteurs de la santé à redoubler d’efforts, à sensibiliser davantage la population et à prendre en charge de façon optimale toutes les pathologies incluant le coronavirus.