Kamissa Camara est une tri-nationale qui a regagné le Mali après une carrière aux Etats-Unis. Depuis, elle gravit un à un les échelons de la diplomatie malienne. Portrait.
Née en 1983 à Grenoble de parents maliens arrivés en France dans les années 70, Kamissa Camara incarne cette génération de “repatriés”, ces jeunes des diasporas africaines qui rentrent s’installer sur le continent après avoir passé une grande partie de leur vie à l’étranger. A 36 ans, elle est aujourd’hui la ministre de l’économie numérique et de la prospective sous la houlette du Président malien Ibrahim Boubacar Keïta depuis le 5 mai 2019.
Après des études à Grenoble et à Paris jusqu’en 2007, elle bénéficie de la loterie américaine – un ami l’a inscrite à son insu – et s’envole, avec 3000 dollars pour seule fortune, vers l’autre rive de l’Atlantique où elle décroche un premier job à l’International Foundation for Electoral Systems (IFES). Durant ses quatre années au sein de cet organisme, elle est chargée des questions électorales en Afrique de l’Ouest. Elle officie ensuite au National Endowment for Democracy (NED) puis travaille pour PartnersGlobal, deux ONG américaines engagées dans la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance et appuyant la société civile en Afrique subsaharienne. En parallèle, elle fonde le Forum stratégique sur le Sahel, qui organise des séminaires sur les grands enjeux de cette région.
S’ensuit une véritable ascension au sein de la diplomatie malienne pour la tri-nationale (Mali, France et Etats-Unis). Repérée au début de l’année 2018 par Ibrahim Boubacar Keïta, elle accède, sous l’impulsion de celui-ci, au poste de conseillère diplomatique en juillet de la même année. Seulement trois mois plus tard, voilà qu’il la propulse en tant que ministre des Affaires étrangères.
Celle qui, de l’aveu de l’entourage du Chef d’Etat, “représente la jeunesse et incarne l’avenir”, s’inscrivait de ce fait parfaitement dans l’intention énoncée par celui-ci au cours de son discours d’investiture, lorsqu’il promettait que son second mandat constituerait “une passation de pouvoir à la jeune génération”. Un pari audacieux puisque Kamissa Camara est, au moment de sa première nomination, une novice en politique.
Yassine Benslimane
Africa Women Experts