Feriel, cela veut dire “justice” en arabe ancien. Et Feriel Berraies le porte bien, ce nom là, elle qui a toujours “aimé défendre la veuve et l’orphelin”. A 48 ans, celle qui se définit comme “une humaniste activiste” a été tour à tour diplomate, journaliste, chercheuse et sophrologue.
Née en Italie, elle a vécu en Tunisie et au Sénégal notamment, suivant son père au fil de ses postes de diplomate successifs. Si celui-ci a toujours représenté pour elle une “ombre écrasante”, elle n’en a pas moins embrassé, au départ, la même carrière que lui.
Au cours de son parcours, elle s’est peu à peu parée d’une carapace de “caméléon”, qui lui permettra de s’adapter partout où elle est allée. Elle a dû, à chaque fois, “s’imposer dans un monde qui bride les femmes”.
Criminologue de formation, chercheur en Sciences Sociales, elle a également édité deux essais intitulés “Enfance et Violence de Guerre” (en 2 tomes). Durant sept années, elle a exploré la traumatologie de guerre des enfants et l’embrigadement de ceux-ci dans les conflits armés.
Hypersensible, elle aura traversé moult épreuves “à la recherche d’elle-même”. Au bout, grâce à des séances de médecine douce et au fil de ses lectures, elle découvre le lâcher prise, et tente d’en faire une pratique spirituelle de tous les instants. Chaque fois, les coups durs ont été pour elle “une occasion de rebondir”. Le défi était de taille : arrêter de tout intellectualiser.
Désormais, elle transporte en elle une véritable paix intérieure, qui déborde et l’arme, qui plus est, d’un grand pragmatisme. Feriel vit en France depuis 15 ans, elle qui a fui le régime Ben Ali. Révoltée, elle écrira une lettre mettant en exergue ce fameux plafond de verre auquel se heurte toute femme souhaitant faire carrière en Tunisie.
Elle lance alors le magazine féminin panafricain “New African Woman”, qui deviendra plus tard “Femme Africaine”. Elle créera ensuite “United Fashion for Peace Webzine”, association puis webmedia qui organisera trois caravanes de mode éthique, à Ouagadougou puis Paris.
En 2015, elle reçoit le Prix de l’Action Féminine de l’Union des femmes africaines. En 2018, elle reçoit le Prix Sanitas.
Un parcours remarquable, pour cette féministe à l’engagement sans faille, touche-à-tout, et qui met la tranquillité glanée de son esprit au service de sa plume et de sa créativité. On en redemande !
Yassine Benslimane
Africa Women Experts