Spécialisée en informatique décisionnelle et transformation numérique, Zomahoun Falonne Vanessa est actuellement cheffe du service digitalisation et dématérialisation à la Cour constitutionnelle du Bénin. Elle a, notamment travaillé sur la dématérialisation des procédures administratives dans son pays, ainsi que sur la modernisation du processus électoral au Bénin. Dans cette interview, elle revient avec détails sur son parcours et son expertise.
AWE : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Zomahoun Falonne : Je m’appelle Zomahoun Falonne Vanessa, je suis ingénieure en informatique. Actuellement, je suis cheffe du service digitalisation et dématérialisation à la Cour constitutionnelle du Bénin. Je suis passionnée par la transformation numérique.
Quel a été votre parcours académique et professionnel et comment en êtes-vous venue à l’informatique décisionnelle ?
Après l’obtention de mon baccalauréat Série D avec mention Bien en 2009, j’ai bénéficié d’une bourse d’étude qui m’a permis d’obtenir une licence professionnelle en 2012, option Informatique de Gestion, à l’IUT de l’Université de Parakou. J’ai ensuite choisi de débuter ma carrière professionnelle avant de poursuivre mes études. C’est ainsi qu’en 2021, j’ai obtenu un master en informatique décisionnelle à l’ENEAM de l’Université d’Abomey-Calavi. Actuellement, je nourris l’ambition de poursuivre des études doctorales dans le domaine de l’intelligence artificielle. Juste après ma licence professionnelle, j’ai intégré un cabinet informatique en tant que stagiaire, puis consultante junior. Ce cabinet est spécialisé dans les solutions d’entreprise Microsoft (ERP et CRM). En 2014, souhaitant diversifier mon expérience, j’ai passé et réussi le concours d’agent contractuel de l’État, ce qui a marqué le début d’un nouveau parcours professionnel.
En janvier 2015, j’ai été affectée au Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique. Après un stage d’immersion, j’ai rejoint la direction générale de l’État Civil comme analyste programmeur. Dans ce rôle, j’ai participé à la modernisation de l’état civil au Bénin, en élaborant différentes politiques et en rédigeant le projet de registre de population devenu plus tard RAVIP.
En 2018, j’ai été affectée à la Cour constitutionnelle du Bénin, ce qui m’a permis d’enrichir mon expérience professionnelle. De 2018 à 2022, j’ai occupé le poste d’assistante informatique, puis de 2022 à 2023 celui de chef de division informatique de gestion, et depuis 2023, j’occupe le poste de chef du service digitalisation et dématérialisation.
Vous avez travaillé sur la transformation digitale des administrations au Bénin, mais aussi la modernisation du processus électoral au Bénin. Pouvez-vous nous faire part de cette expérience ?
Dans le cadre de mes fonctions à la Cour constitutionnelle, j’ai travaillé à la transformation digitale des administrations en mettant en place des solutions numériques pour dématérialiser les procédures, sécuriser les données et assurer une meilleure gestion des traitements informatiques. J’ai également participé à la modernisation du processus électoral au Bénin à travers des outils numériques qui ont permis plus de transparence et d’efficacité. Cette expérience m’a montré l’importance de la digitalisation et de la bonne gestion des traitements informatiques pour renforcer la confiance des citoyens, améliorer la gouvernance et faciliter la prise de décision.
Qu’est ce que l’informatique décisionnelle ?
Selon moi, l’informatique décisionnelle est l’ensemble des outils et méthodes qui permettent de collecter et d’analyser les données afin d’aider les responsables à prendre les meilleures décisions. Elle sert à transformer des données brutes en informations utiles. Par exemple, dans une administration, elle peut aider à comprendre les besoins des citoyens et à améliorer la qualité des services publics.
Quel est le rôle stratégique de l’informatique décisionnelle pour les organisations, qu’elles soient publiques ou privées?
L’informatique décisionnelle a un rôle stratégique parce qu’elle permet de transformer les données en informations utiles pour orienter les décisions. Dans le secteur public, elle aide à améliorer la transparence, à optimiser les ressources et à répondre efficacement aux besoins des citoyens. Dans le secteur privé, elle permet de mieux comprendre les clients, d’anticiper les tendances du marché et d’améliorer la performance. Concrètement grâce à des tableaux de bord et des analyses, une organisation peut prendre des décisions plus rapides, plus justes et mieux alignées sur ses objectifs.
Quels sont les principaux défis à la mise en place d’outils décisionnels dans les administrations?
Les principaux défis pour mettre en place des outils décisionnels dans les administrations sont d’abord la qualité des données qui sont souvent dispersées et incomplètes. Ensuite, il y a les résistances au changement liées à la culture organisationnelle et au manque de formation. À cela s’ajoutent les contraintes techniques et financières, car ces outils demandent des moyens importants. Et pour finir la sécurité et la protection des données qui constituent un défi majeur pour assurer la confiance des citoyens et le respect des lois.
Quels leviers permettent d’instaurer aisément des outils décisionnels pour moderniser les administrations et processus décisionnels (élections…) ?
Pour instaurer aisément des outils décisionnels dans les administrations, il faut d’abord une volonté politique claire et une bonne gouvernance. Ensuite, il est essentiel d’améliorer la qualité des données et de les centraliser. Il faut aussi renforcer les compétences des agents à travers des formations adaptées pour réduire les résistances au changement. Enfin, le choix d’outils technologiques modernes, sécurisés et adaptés aux réalités locales permet d’assurer la transparence et l’efficacité, notamment dans des processus sensibles comme les élections.
Propos recueillis par Danielle France Engolo