Lundi 7 Décembre, s’est tenue la 4econférence virtuelle des femmes africaines dans les médias. L’objectif étant de favoriser l’égalité de genre et l’accès des femmes aux postes décisionnels dans le journalisme. Organisé par la plateforme African women in Media (AWiM) en partenariat avec l’Union Africaine, cet évènement était placé sous le thème : « Femmes dans les médias, la paix et les technologies ».
Les femmes sont peu nombreuses dans le journalisme et bien souvent, elles sont absentes des cercles décisionnels de ce domaine, a relevé d’emblée Dr Yemisi Akinbobola, co-fondatrice d’AWiM, qui a souligné en outre, l’incidence de cet état de faits sur la faible visibilité des femmes dans les médias. Sur l’ensemble des profils Wikipedia, seulement 17% sont consacrés aux femmes, a-t’elle relevé, insistant que la plupart des journalistes wikipédia sont masculins.
Dans les médias, a souligné Nancy Kacungira, journaliste ougandaise travaillant à la BBC, les femmes journalistes souffrent doublement. Elles sont non seulement très peu nombreuses dans le journalisme, en raison de préjugés. Mais bien souvent, elles ne contrôlent pas l’actualité, notamment sur les femmes, puisqu’elles sont absentes des postes décisionnels. On compte ainsi très peu de femmes directrices de publication, directrices de l’information, éditorialistes, rédactrices en chef…
Pour sa part, Anna Mayimona Ngemba, journaliste et présidente de l’Union congolaise des femmes des médias (UCOFEM), a relevé que contrairement à leurs collègues masculins, les femmes journalistes doivent être excellentes pour viser les mêmes postes. De même, elle a souligné que plusieurs perceptions sociales vis à vis des femmes empêchent les femmes journalistes de progresser dans leurs carrières. « Il y’a quelques années, j’ai été contactée par une organisation pour faire des enquêtes dans des zones de conflits au Congo. J’ai accepté cette offre, mais quand j’en ai fait part à mes collègues, ils ont essayé de m’en dissuader, me disant que c’était des zones dangereuses pour les femmes. Mais je me suis entêtée et j’ai décidé d’y aller. Au final, ils étaient surpris du travail que j’avais réalisé », a t’elle raconté.
Dans d’autres contextes, l’image de la femme journaliste est souvent associée à celle de prostituée, comme l’a souligné Khadija Patel, journaliste d’investigation sud-africaine. « Souvent quand une femme journaliste parvient à obtenir des informations de certaines sources, elle est accusée d’avoir couché avec sa source pour l’obtenir », explique-t-elle. Sans oublier qu’au sein des rédactions, les femmes journalistes sont souvent la cible du harcèlement sexuel comme condition pour progresser professionnellement, ont relevé les intervenantes.
Pour les panélistes, il est nécessaire de changer les perceptions et les mentalités pour garantir l’égalité de genre dans le journalisme et l’accès des femmes journalistes à des postes décisionnels, Pour braver les obstacles empêchant le progrès dans leurs carrières, les femmes journalistes sont appelées à ne pas se limiter aux opportunités locales, mais à chercher aussi des opportunités au niveau international.
En plus de ce panel, deux autres se sont intéressés, notamment à la paix et aux technologies pour l’empowerment des femmes. La conférence a été également marquée par une cérémonie de remise de distinctions aux journalistes gagnants du Prix du reportage sur les migrations de main- d’œuvre.