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 Marie Louise Abomo : « Mon rôle est de suivre la situation des droits des personnes âgées et des PSH sur le continent »


Commissaire à la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples depuis 2020, Marie Louise Abomo préside également le groupe de travail sur les droits des personnes âgées et des personnes en situation de handicap. Dans cette interview, la magistrate camerounaise partage à Africa Women Experts ses missions et son rôle au sein de l’institution, ainsi que son engagement pour la promotion des droits de ces deux catégories de la société en Afrique. Les propos.

Africa Women Experts : Pourriez-vous revenir sur votre parcours académique et professionnel ?

Marie Louise Abomo : Sur le plan académique, j’ai obtenu une licence en Droit Judiciaire Privé à l’Université de Yaoundé au Cameroun, puis un Diplôme d’études spécialisées (DES) de l’Institut Velas, ainsi qu’un Diplôme d’Études Approfondies (DEA) et un Doctorat, tous deux en Droit Privé, à l’Université de Toulouse I en France.

Sur le plan professionnel, je suis titulaire du Diplôme de l’École Nationale d’Administration et de Magistrature qui m’a permis d’accéder au corps de la magistrature de mon pays, le Cameroun. De 1985 à 1991, j’ai été magistrat du Parquet : Substitut du Procureur de la République au Tribunal de Première Instance Hors Classe de Douala. Depuis 1991 à ce jour, je suis magistrat du Siège. A ce titre, de 1991 à 1998, j’ai été juge audit Tribunal, puis de 1998 à 2006 Conseiller puis Vice-présidente à la Cour d’Appel du Littoral. Depuis 2007, je suis Conseiller à la Cour Suprême du Cameroun, présidant la Section Pénale de la Chambre Judiciaire de la Cour Suprême depuis 2015.

Africa Women Experts : En tant que Commissaire à la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples et Présidente du groupe de travail sur les droits des personnes âgées et des personnes en situation de handicap, en quoi consistent vos missions ?

 En tant que Commissaires, nous accompagnons les Etats-parties dans leur devoir de promouvoir et protéger, au bénéfice de tous ceux qui vivent sur leur territoire les droits et devoirs déclarés et prévus dans la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Les responsabilités sont multiples mais bien reparties entre les onze Commissaires que nous sommes. Personnellement, je préside le Groupe de travail en charge des droits des personnes âgées et des personnes en situation de handicap, ainsi que le Groupe de Travail sur les Communications qui est l’antichambre de la fonction de traitement de contentieux devant la Commission. Ainsi, dans ce rôle, je préside l’équipe restreinte des Commissaires qui prépare et conseille en amont la plénière chaque fois que des affaires sont portées en matière contentieuse devant la Commission par des individus contre un État Partie à la Charte ou des États Parties attraits solidairement ou encore dans les cas où des États Parties sont les protagonistes devant la Commission. Ce rôle est une sorte de continuation à un niveau international de mon métier de magistrat.

 Concernant la présidence du « groupe de travail sur les droits des personnes âgées et des personnes handicapées », je ne fais que remplir les missions qui sont énumérées dans la Résolution 143 avec plus ou moins de créativité face au défi des moyens humains et financiers. Ainsi, je préside un Groupe de Travail composé de trois Commissaires, dont moi-même, et cinq experts indépendants venant de chacune des cinq régions de l’Afrique. Le groupe a été commis premièrement pour rédiger des traités complémentaires à la « Charte sur les Droits des Personnes âgées et des Personnes handicapées ». Cela a été fait avant que je ne devienne Commissaire. Ma tâche, depuis 2020 a consisté premièrement en l’obtention des 15 ratifications nécessaires à l’entrée en vigueur desdits instruments.Cette entrée en vigueur est effective depuis l’année 2024 pour les deux protocoles, grâce à une stratégie multiforme de sensibilisation des États Parties à la Charte. À ce jour, chacun des protocoles compte dix-sept ratifications et nous visons désormais la ratification dite continentale qui ferait que tous les cinquante-quatre États Parties à la Charte accèdent aussi à ces protocoles compléments évidents de la Charte. Le Groupe doit également veiller à ce que les Etats qui ont ratifié intègrent les dispositions des protocoles dans leurs législation et politiques nationales.

 Pour résumer, mon rôle est de suivre la situation des droits des personnes âgées et des personnes en situation de handicap sur le continent et de m’assurer que ce qui est convenu de faire pour la promotion et protection de tous leurs droits est effectivement fait et dans le cas contraire, indiquer ce qui doit être fait. Cela dit, nous veillons au quotidien par un réseau de partenaires et traitons les situations défavorables pour ces personnes en même temps que nous encourageons l’émulation de toutes les bonnes pratiques qui surviennent.

Africa Women Experts : Dans l’exercice de vos fonctions, quels sont les principaux défis auxquels vous avez été confrontés et quelles sont vos plus grandes satisfactions ?

Les principaux défis concernent le manque de moyens financiers pour l’atteinte des objectifs, auquel s’ajoute le défi de la ratification continentale des deux « Protocoles sur les Personnes âgées et sur les Personnes Handicapées ».

Mes grandes satisfactions sont, notamment l’entrée en vigueur des deux Protocoles et l’ébauche de plan d’action de leur mise en œuvre, de même que l’élaboration en cours du Rapport Initial sur la situation des droits des Personnes âgées et des Personnes en situation de handicap en Afrique.

Africa Women Experts : Comment percevez-vous l’évolution des droits humains sur le continent africain ?

Beaucoup de progrès sont réalisés. Ainsi, l’Afrique a pu finaliser l’ensemble des instruments internationaux de protection des personnes vulnérables énumérés à l’Article 18 de la Charte ; notamment, les femmes, les enfants, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap. Toutes ces catégories ont un Protocole à la Charte qui les protège désormais. Cela est une performance notable, je crois.

Toutefois, les reculs sont saillants du côté des droits collectifs, notamment les droits liés à l’environnement, à la paix et à la jouissance des ressources naturelles ; etc.

Africa Women Experts : Que faut-il encore améliorer, notamment en ce qui concerne les droits des femmes et des groupes vulnérables ?

Il faut travailler davantage sur la vulgarisation des droits concernés pour permettre une connaissance réelle par tous.

Africa Women Experts : Enfin, si vous deviez formuler un vœu pour l’Afrique de demain, quel serait-il ?

Une Afrique sans conflits où les droits et devoirs de chacun et de tous sont connus et respectés. Une Afrique inclusive, riche et fière de sa diversité.

 

Propos recueillis par Danielle France Engolo