Le 26 juillet dernier à Cotonou au Bénin, Nolwen Lekeufack a remporté le titre de « Miss Littérature Afrique ». Elle revient sur sa participation à ce concours destiné aux jeunes filles Africaines de 18 à 24 ans et qui vise à les sensibiliser à la lecture et à la lecture.
AWE : Peux-tu te présenter en quelques mots ? Qui est Nolwen Lekeufack ?
Nolwen Lekeufack : Je suis une étudiante en journalisme camerounaise. Je fêterai mes dix-neuf ans en novembre prochain. Une passionnée de lecture et d’écriture depuis mon enfance, qui aime aussi les films d’horreur, les romans d’amour à l’anglaise et les instrumentaux tristes. Cette année, je faisais partie des lauréats de la 40e édition du Prix du Jeune Écrivain de langue française, avec ma nouvelle “Prémonition”. J’ai par la suite été élue Miss Littérature Cameroun, et depuis peu, Miss Littérature Afrique 2025.
Qu’est-ce qui t’a motivée à participer à Miss Littérature Afrique ?
Participer à Miss Littérature Afrique allait de soi en tant que Miss Littérature Cameroun. Chaque Miss Littérature, qui est élue dans un pays d’Afrique francophone, est tenue de participer à la finale continentale. C’est même l’événement le plus significatif de notre mandat.
La semaine dernière, tu as été élue « Miss Littérature Afrique ». Comment as-tu vécu le moment de ton élection et cette expérience avec les candidates des huit autres pays?
J’ai passé une formidable semaine au Bénin avec les autres candidates, dont j’ai énormément appris. Elles m’ont toutes impressionnée lors de la finale, par leur éloquence, leur sensibilité, leur culture, leur intelligence. Je me souviens que j’étais vraiment surprise par l’annonce du maître de cérémonie. Je n’en revenais pas. Pour le public ou pour le jury, le choix était peut-être évident, mais moi, j’ai énormément douté de mes prestations. Et je ne m’autorisais pas à souhaiter gagner parce que j’avais l’impression d’en demander trop après tout ce qui m’est déjà arrivé cette année. Il faut croire que le destin déborde parfois de générosité.
Quel a été le plus grand défi durant le concours?
Le plus grand défi à relever d’un point de vue personnel, c’était d’avoir confiance en moi. Ne pas douter de mes compétences quand je me retrouve en face d’autres personnes, aussi talentueuses qu’elles puissent être. Et c’est souvent un défi qui revient chez moi. Je sais que c’est un point sur lequel je dois sérieusement travailler.
Aujourd’hui, que représente ce sacre pour toi et comment comptes-tu utiliser ce titre pour promouvoir le livre et l’écriture en Afrique?
Ce sacre va bien au-delà de ma petite personne. Il représente une victoire historique pour mon pays, car c’est la première fois en trois participations, que mon pays atteigne le podium. Mais aussi pour les candidates de ma tranche d’âge, car je suis la plus jeune Miss Littérature Afrique de l’histoire. J’espère, avec la couronne et l’écharpe qui m’ont été offertes, obtenir plus de légitimité auprès des institutions culturelles, publiques ou privées afin de défendre un accès plus démocratisé à la lecture pour les jeunes, qui constituent d’après moi la couche la plus sensible dans la quête à la connaissance.
Quel message souhaites-tu porter en tant que Miss Littérature Afrique 2025?
Je souhaite que les jeunes de mon pays et de mon continent sachent, s’ils en doutaient encore, qu’il faut croire en leurs rêves. Même quand les rêves en question leur semblent impossibles à réaliser dans leur environnement. Je souhaite que les filles et les femmes de chez nous sachent qu’il y a désormais une couronne pour celles qui passent leurs nuits à écrire, leurs journées à lire, celles qui sont éprises de littérature.
As-tu des initiatives et des projets liés à la littérature en cours? Quelles sont tes ambitions?
Avant d’être élue Miss Littérature Cameroun, j’avais l’habitude de mettre à la disposition des enfants de mon quartier, les livres de ma petite bibliothèque personnelle. J’offrais également des livres numériques durant les fêtes de fin d’année à tous les contacts de mon répertoire. Avec mon sacre récent, la bibliothèque est beaucoup plus chargée. Je souhaiterais mieux organiser le système d’emprunt et créer un fond de livres. Mais j’ai également des ambitions plus grandes : organiser des ateliers d’écriture à destination de jeunes, des conférences autour de la littérature africaine ; intégrer le comité d’organisation Miss Littérature Cameroun pour contribuer aux préparatifs de la prochaine finale nationale. Je voudrais aussi instaurer et participer à des visites de bibliothèques et de médiathèques dans des établissements scolaires de ma ville Douala et obtenir des partenariats avec des industries culturelles, notamment littéraires pour financer des concours d’écriture à l’adresse des jeunes. La liste des projets est longue, celle des réalisations le sera aussi, j’espère.
As-tu déjà une idée sur l’ouvrage que tu publieras, dans le cadre de ton contrat d’édition, en tant que gagnante de cette édition?
Il faut savoir que j’ai déjà écrit deux romans et un recueil de nouvelles, disponibles sur le réseau social d’écriture Wattpad. Je pense donc à faire publier l’un de ces deux romans, précisément le plus récent. C’est un roman qui se veut à suspense, une histoire de secrets, de vengeance, de pardon, de rédemption. Une histoire d’enfants qui malgré eux, sont impliqués dans les conflits de leurs parents, mais aussi une réflexion sur la tradition, la culture, ce qui doit en demeurer et ce qu’il faut au contraire abandonner.
Propos recueillis par Danielle France Engolo