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Bénin : Toudonou Carmen Fifamè, promotrice du concours «Miss Littérature»


Depuis Brazzaville où elle vit et travaille, depuis un an et demi, au siège de l’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains (APPO) en tant que chargée de communication, Toudonou Carmen Fifamè, journaliste, chercheure, autrice et bloggeuse béninoise continue de superviser l’organisation de « Miss Littérature ». Un concours littéraire panafricain qu’elle a initié en 2016 pour promouvoir la lecture et l’écriture chez les jeunes filles africaines. Cette année, la finale de cette compétition se déroulera ce 26 juillet à Cotonou au Bénin.

S’il y a un domaine pour lequel Toudonou Carmen Fifamè voue un intérêt particulier, c’est sans aucun doute la littérature. Très tôt, alors même qu’elle suit un cursus scientifique au lycée, elle découvre sa passion pour la lecture et l’écriture. Bac série C- mathématiques en poche, elle rêve d’étudier plutôt le journalisme. « A l’époque, il n’ y avait pas d’école de journalisme au Bénin. Il fallait aller étudier le journalisme à Dakar au Sénégal. Je n’en avais pas les moyens », explique-t-elle à Africa Women Experts. Elle se rabat finalement sur un cursus en gestion des entreprises et entame juste après, sa carrière professionnelle dans la communication. Mais quelques années plus tard, une école de journalisme s’installe au Bénin. C’est l’occasion tant rêvée. Elle s’y inscrit et décroche une licence professionnelle en journalisme, mais aussi un master, ainsi qu’un DEA en communication et linguistique et plus tard, un doctorat en communication sociale.

Du journalisme à l’APPO, en passant par l’Assemblée Nationale du Bénin

C’est au sein de l’Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin (ORTB), actuel SRTB, qu’elle entame sa carrière journalistique. Elle y passe huit années au cours desquelles, elle exerce à la fois, en tant que journaliste radio, mais aussi à la télévision. En 2015, elle quitte le monde des médias pour la communication institutionnelle. Elle intègre l’Assemblée Nationale du Bénin où, pendant huit ans, elle occupe tour à tour les postes de cheffe de projet télévision, cheffe service télévision et cheffe service communication de l’hémicycle, mais aussi celui de Directrice adjointe de l’Institut parlementaire, une structure de recherche au profit du parlement.

Décidée à relever de nouveaux challenges, elle se lance dans une carrière à l’international. Après un bref passage à la Conférence nationale des ministres de l’éducation nationale de la Francophonie, elle intègre en janvier 2024 l’Organisation des Produits de Pétrole Africains (APPO) dont le siège est à Brazzaville. Une organisation panafricaine qui rassemble 18 pays africains producteurs de pétrole et de gaz, ainsi que le Venezuela en tant que pays honoraire et dont elle a la charge de piloter la communication.

« Miss Littérature » : promouvoir l’écriture et la lecture chez les jeunes Africaines

Simultanément à sa carrière dans les médias et la communication, elle se consacre à sa passion : la littérature. Elle publie, notamment plusieurs ouvrages, crée une maison d’édition, mais surtout, initie le concours « Miss Littérature ». Une compétition qui cible les jeunes filles Africaines de 18 à 24 ans et vise à les encourager à la lecture et l’écriture.

C’est suite à son expérience des concours de beauté que lui vient l’idée de créer « Miss Littérature ». En 2004, elle participe, notamment à Miss Malaïka, une compétition dont elle sort dauphine et qui la marquera de son empreinte. Deux ans plus tard, elle crée « Miss & Mister Kitoko ». « C‘était un concours de beauté dans lequel on privilégiait l’aspect intellectuel. Mais après deux éditions, nous avons arrêté. Je n’avais pas suffisamment de moyens et j’étais très jeune à l’époque », confie-t-elle à Africa Women Experts.

En 2016, elle met sur pied un nouveau concours, cette fois axé sur la littérature, qu’elle baptise « Miss Littérature ». « J’avais poussé ma réflexion plus loin. J’ai réalisé, entre autres que les concours de beauté sont un reliquat du patriarcat et que ceux-ci contribuent à chosifier la femme. Je me suis donc dit que nous allons axer le concours sur l’aspect intellectuel, mais en nous inspirant du côté glamour et élégance des concours de beauté pour promouvoir la littérature, car celle-ci est souvent malheureusement perçue comme un domaine rébarbatif », confie-t-elle. A travers le concours, « l’objectif est de montrer qu’une fille qui s’intéresse à la littérature n’est pas ringarde. C’est une fille comme les autres, mais avec un atout : l’amour pour la littérature », poursuit-elle.

Une compétition panafricaine

   

Après deux éditions nationales et annuelles, en 2016 et 2017, « Miss Littérature » est depuis 2018, une compétition panafricaine biannuelle. Pour cette édition, ce sont dix pays d’Afrique francophone qui participeront à la finale de la compétition qui se déroulera ce 26 Juillet à Cotonou au Bénin, notamment le Sénégal, la Guinée, le Cameroun, le Burkina Faso, le Congo, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Togo, le Tchad. Après la première étape, qui a vu l’élection de la Miss nationale de chacun des 10 pays, se tiendra dans quelques jours la finale africaine qui réunira pendant une semaine à Cotonou les dix lauréates nationales. « Durant cette finale, les candidates participeront à quatre épreuves, notamment l’épreuve d’art oratoire (ou de présentation originale), l’épreuve de réponse à des questions de littérature, la rédaction et le compte-rendu littéraire sur un roman imposé », explique-t-elle. Le jury désignera ensuite la Miss littérature Afrique, ainsi que ses deux dauphines. Celle-ci remportera, notamment un contrat à compte d’éditeur pour son premier livre dont la parution se fera lors de la prochaine édition de Miss Littérature en 2027.

En marge du concours, se tiendra également le vendredi 25 juillet un colloque scientifique sous le thème « Faire de la littérature à l’ère de l’IA », auquel prendront part plusieurs chercheurs, mais aussi les 10 lauréates du concours qui y participeront pour la première fois avec des présentations sur la thématique de la Biennale.

Une autrice qui dénonce la condition humaine en Afrique

Avec à la clé une douzaine d’ouvrages, notamment des romans, nouvelles, poésies, livres de jeunesse, Carmen Fifamè fait de sa plume un outil de réflexion sur la condition humaine en Afrique. « Ce que j’essaie de faire à travers les différents ouvrages que j’écris, c’est de parler de cette Afrique, mon Afrique que je connais. Je fais l’effort de ne pas être chauvine. L’idée n’est pas de dire que tout est rose en Afrique. Il ne s’agit pas non plus de diaboliser le continent. Il est question d’apporter une image juste de l’Afrique », explique –t-elle. Son livre « Carmen Fifonsi Aboki (CFA) : recueil de nouvelles » publié en 2018 et qui traite d’ailleurs, à l’instar de ses autres ouvrages, des réalités des sociétés africaines, aborde les déboires d’une société en déliquescence, mais raconte aussi des récits d’audace et de hardiesse. En 2020, celui-ci a été sélectionné par le Prix Ahmadou Kourouma du Salon du livre de Genève.

Son dernier roman, « Paria », paru en juillet dans sa maison d’édition « Venus d’Ebène », ainsi que chez « My African Cliche », une maison d’édition kényane, aborde le sujet de la traite des Africains sur les terres orientales. Un fait historique oublié que cherche à exhumer l’autrice. « Ce roman parle de l’esclavage qui a contribué à prendre les Africains et à les déporter sur les terres orientales : les Africains qui sont partis en Turquie pour servir dans des harems et qui étaient exploités dans des plantations et des carrières. C’est un sujet dont on ne parle pas. Certains étaient émasculés pour servir dans des harems orientaux. Les femmes étaient déportées quant à elles pour servir d’esclaves sexuelles », explique – t-elle.

Editrice, autrice, promotrice culturelle, mais aussi présidente de l’association « Peace pour l’enfance et la jeunesse » fondée en 2004 en mémoire de sa fille, Carmen Fifamè conjugue tous les efforts pour raconter l’Afrique autrement et bâtir un imaginaire typiquement africain pour sa jeunesse. Aujourd’hui, son ambition est de voir le concours « Miss Littérature » embrasser plus de pays et s’étendre aux pays anglophones, lusophones, hispanophones …

 

Danielle France Engolo