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Caroline Sack Kendem, l’entrepreneuse camerounaise qui veut digitaliser le parking en Afrique


Rompue aux affaires, Caroline Sack Kendem ambitionne aujourd’hui de révolutionner le parking en Afrique. Fondatrice d’EZ Park SA, spécialisé dans le stationnement intelligent, l’entrepreneuse camerounaise s’emploie depuis quelques années à digitaliser le parking sur le continent.

 L’entrepreneuriat pour Caroline Sack Kendem, c’est tout d’abord, une passion et bien sûr, une affaire de famille. D’ailleurs, quand cette fille d’industriels parle de son parcours professionnel marqué en grande partie par les affaires, on peut lire sur son visage de la ferveur. Entrepreneuse dans le fast food, alors qu’elle était directrice financière dans une chaine de télé au Cameroun, elle a toujours fait du business, dit-elle fièrement. Du textile au parking, en passant par le conseil en marketing, la fintech, l’immobilier…  cette serial entrepreneuse a presque tout touché et y a réussi, aussi bien dans son pays, le Cameroun, qu’en Europe et en Amérique…« Avec mes mains et mes pieds, quelqu’un peut me dire de piloter un avion et je vais aller réfléchir pour savoir comment faire », nous confie –t-elle, sur un ton ironique.

La cinquante à peine, la Camerounaise a, au cours de sa carrière, créé plusieurs entreprises, dont une usine de confection textile employant plus de 230 employés, une société de placement. A son actif également, 2 sociétés souscrites en France, une société de conseil dans le textile, une société de parking digital, une société fintech… sans oublier des ONG et associations qu’elle a initiées. « Je n’ai jamais eu une seule activité. J’ai toujours multiplié 3, 4 voire 5 casquettes différentes », nous explique-t-elle.

Le textile sur le bout des doigts

Diplômée en gestion, elle est devenue, par son expérience entrepreneuriale, l’une des références du secteur textile en Afrique. Elle a, à ce titre, conseillé plusieurs gouvernements africains, investisseurs, organisations internationales … sur ce domaine.

C’est quelques années, après être rentrée des Etats-Unis où elle décroche un MBA en sciences de gestion option finances et marketing, à la suite d’une maitrise de gestion à Dauphine à Paris, qu’elle se lance dans le textile, un secteur qui la passionne. Après un poste de directrice financière dans une chaîne de télé au Cameroun, elle monte une usine de confection textile. Ambitieuse, la jeune entrepreneuse d’alors choisit dès le départ de s’orienter vers l’export, notamment le marché français.

Elle produit tout d’abord des maillots de bain pour la société française « Captain tortue » et lance ensuite sa propre marque de collants à base de motifs africains, « Rouge Papaye », ainsi que sa marque de maillots, « Quasi Mango », qu’elle commercialise aussi sur le marché français.Elle réalise aussi des collections de lingerie à base de motifs africains, organise des salons, des défilés… C’est alors qu’elle est repérée par les Américains. Approchée pour se lancer sur le marché américain, elle décide de relever le défi. Elle quitte alors le marché français/européen, pour un marché plus exigeant.

En un an, le capital de sa société, Ken Atlantic, passe de 20 millions de FCFA à près d’un milliard de FCFA. Elle accroit également sa capacité de production pour répondre aux exigences de ce nouveau marché. Une expérience enrichissante qui développera son expertise sur le textile, mais qu’elle sera contrainte d’abandonner par la suite.«À un moment donné, nous avons eu trop de commandes. Les clients étaient aux Etats-Unis ; le fournisseur au Pakistan. Il fallait un mois pour produire le tissu, 45 jours pour qu’il arrive en bateau, 30 jours pour la production et 45 jours pour l’export aux Etats-Unis. Le cycle d’exploitation était de près de 6 mois. Aucune banque n’a voulu financer », explique –t-elle. A cela s’ajouteront des incompréhensions avec les administrateurs de l’entreprise, qui aboutiront ensuite à sa démission de sa propre entreprise et plus tard, à sa fermeture.

Mais de cette expérience, la businesswoman tirera profit, puisque celle-ci lui ouvrira d’autres horizons. Elle travaillera ensuite à l’International Trade Center (ITC) comme consultante et pendant 3 ans, en tant que point focal pour la sous-région Afrique Centrale, elle proposera des projets textiles répondant aux problématiques rencontrées en Afrique. Elle fondera également la société « Ligne Rouge », spécialisée dans le conseil dans le secteur textile, par laquelle elle accompagnera plusieurs gouvernements d’Afrique.

Devenir « la Reine du Parking en Afrique »

 Ayant voyagé dans plusieurs villes africaines, elle se rend compte du défi du parking. C’est alors qu’elle crée EZ Park. Son rêve, elle ne le sait que trop bien : devenir « Madame Parking de l’Afrique », nous dit-elle. Pour ce faire, la businesswoman a mis sur pied une application mobile permettant aux automobilistes de trouver en un clic le lieu de stationnement de leurs voitures et de payer leur parking en ligne. Objectif : mettre fin au casse-tête incessant du parking, mais aussi à la corruption qui gangrène la gestion de ce secteur en Afrique, accroitre les revenus issus du stationnement et le moderniser.

Grâce à l’application mobile, l’automobiliste peut préciser sa zone géographique et définir le nombre d’heures de stationnement de sa voiture. À travers un système de paiement intégré à l’application, il est facturé et son compte, automatiquement débité. 10 minutes avant la fin de son temps de parking, une notification l’enjoint, soit de recharger ou de déplacer son véhicule.

Déployée en phase pilote dans la ville de Douala au Cameroun, l’application a rencontré du succès. Désormais, l’entrepreneuse développe un prototype plus performant qui ne nécessitera ni téléphone ni internet. « Ce nouveau système n’existe nulle part dans le monde entier. Je travaille sur son prototype depuis 1 an et demi. Il s’agira d’un système où depuis votre bureau, vous êtes débités pour le parking, sans avoir à utiliser votre téléphone », nous confie – t-elle.

A côté de cela, la businesswoman qui voit les choses en grand,  a investi depuis peu dans la Fintech en créant une société à Dubaï qui facilitera ses transactions avec l’étranger et lui permettra de réaliser ses ambitions.

Engagée pour les causes sociales

En plus de sa casquette d’entrepreneuse, Caroline Sack Kendem a d’autres cordes à son arc. Depuis plus d’une décennie, elle est mobilisée pour les causes qui lui tiennent à coeur. En 2010, par un concours de circonstances, elle est choisie avec 53 autres femmes africaines pour participer à « l’International Visitor Leadership Program ». Une initiative d’Hillary Clinton, alors qu’elle était Secrétaire d’Etat des USA, visant à valoriser les femmes leaders africaines. De cette initiative naitra l’association « African Women Entrepreneurship Program » (AWEP) dont l’entrepreneuse créera en 2012 la branche Cameroun qui deviendra d’ailleurs l’un des chapitres d’AWEP les plus dynamiques parmi les 44 existants. A la tête de l’organisation depuis une dizaine d’années, elle accompagne entre autres les personnes déplacées, les entrepreneuses… Elle a aussi fondé SAVE (Support to African Vulnerable Entrepreneurs), qui est l’un des premiers fonds d’impact en Afrique visant à financer les femmes entrepreneures.

En Janvier 2023, elle a été nommée Présidente Mondiale pour la branche « Femmes vulnérables et déplacés, migrants et réfugiés du G100 », qui regroupe les 100 femmes les plus influentes au monde. « J’étais étonnée de me retrouver dans ce groupe, car je ne suis pas ministre, philanthrope… », confie – t-elle. En tant que présidente, elle organisera en septembre au Cameroun les « rencontres Afrique Centrale sur la situation des déplacés et des personnes vulnérables dans le monde » qui verront la participation de hautes personnalités, d’intervenants de haute facture… et dont les recommandations seront soumises aux décideurs au niveau mondial.

Récemment, Caroline Sack Kendem a aussi reçu le titre de Docteur Honoris Causa décerné par Jharkhand Rai University en Inde. Une distinction qui vient récompenser un parcours marqué par le travail acharné, l’endurance et la détermination.

 

Danielle Engolo