Directrice du Laboratoire pour l’immunologie des maladies contagieuses et infectieuses de l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin, Judith Sedaminou Gbenoudon mène des recherches sur le système immunitaire pour permettre de mieux diagnostiquer et traiter les maladies, notamment en Afrique.Elle est lauréate 2018 du Prix TWAS-Abdool Karim, pour ses recherches ayant permis d’améliorer le diagnostic du paludisme aigu.
C’est à ses 12 ans, juste après sa première visite chez une gynécologue, qu’elle se passionne pour la science, plus précisément pour la médecine. Elle rêve de devenir médecin et de contribuer à améliorer les soins de santé des femmes.
Après ses études secondaires, elle s’inscrit au département de biochimie de l’Université de Benin, l’actuelle Université d’Abomey-Calavi. Durant son cursus de licence, elle découvre le système immunitaire dont elle se passionne. Après sa licence, elle s’envole pour la France où elle suit un master à l’Université de technologie de Compiègne. Elle passe en parallèle des stages au Imperial College à Londres et au Centre de recherche biomédicale des primates aux Pays-Bas. Elle poursuit avec un Doctorat à l’Université de Hambourg en Allemagne et consacre pleinement ses travaux à l’immunologie, une branche qui étudie la défense du corps contre les agents pathogènes, les bactéries, les virus et les parasites.
Favoriser une meilleure connaissance du système immunitaire
Pour la scientifique, l’immunologie est la solution à tout. Grâce à ses travaux, elle ambitionne d’apporter des réponses à plusieurs défis liés au diagnostic et au traitement des maladies, notamment en Afrique. Ses recherches lui permettent, notamment de faire certaines découvertes scientifiques, contribuant ainsi à l’avancement de la connaissance sur le système immunitaire humain.
Dans le cadre de ses recherches doctorales, elle parvient à décrire et à mettre en évidence des cellules très importantes dans la défense de l’organisme, à savoir les lymphocytes régulateurs, qui jusque-là passaient inaperçus dans la recherche. Une découverte majeure, puisque ces cellules jouent un rôle important pour empêcher l’auto-immunité, un phénomène où les anticorps deviennent hyperactifs et attaquent les tissus sains de l’organisme.
Améliorer le diagnostic et le traitement du paludisme chez les enfants
En parallèle à ses recherches sur le système immunitaire, elle mène des travaux sur le paludisme. Elle se focalise, notamment sur les enfants atteints de la maladie, qui étaient admis à l’hôpital et qui, en l’espace de quelque temps, décédaient.
Ses travaux lui permettent, notamment de montrer que ces enfants étaient coinfectés par le paludisme et le candida albans, une levure pathogène entrainant une forte production d’anticorps devenant nocifs pour l’organisme de l’enfant. D’après ses recherches, elle démontre aussi que les enfants atteints de cette coinfection étaient généralement ceux ayant reçu un traitement régulier contre les vers intestinaux par antibiotiques.
Elle découvre en outre, que les traitements conventionnels, pharmaceutiques de cette coinfection avaient des effets secondaires graves, conduisant la plupart du temps à la mort de ces enfants. Cette découverte lui permet de conclure que, dans les cas de coinfection paludisme-candida des enfants, les médecins devraient privilégier les traitements traditionnels ayant moins d’effets néfastes. Une véritable contribution à l’amélioration du diagnostic et du traitement du paludisme en Afrique.
Judith Sedaminou Gbenoudon a été l’une des premières femmes à créer un laboratoire de recherche à l’Université d’Abomey-Calavi. Elle mène, en parallèle à ses travaux de recherche, des activités de renforcement des capacités en matière de rédaction d’articles et de projets scientifiques.
En 2018, elle a décroché le Prix TWAS-Abdool Karim, qui honore les femmes scientifiques dans les pays à faible revenu, pour leurs réalisations en sciences biologiques.