L’Afrique figure en tête de liste en matière d’entreprenariat féminin. Toutefois, l’accès des femmes au digital y reste encore limité. Selon l’Union Internationale des Télécommunications, seules 19% de femmes ont accès à internet en Afrique. Sonna Momo Belona, chercheuse camerounaise en intelligence artificielle, parle de la plus value d’un meilleur accès des femmes en Afrique au digital en termes d’innovation et d’autonomisation. Les propos.
Les femmes accèdent-elles facilement au digital en Afrique aujourd’hui ?
Bien que nous observions une amélioration du taux d’accès des femmes au digital cette dernière décennie, la problématique reste actuelle, notamment dans les zones rurales qui représentent un gros potentiel économique en Afrique. De plus en plus, nous avons des initiatives (éducatives, entrepreneuriales) qui soutiennent les femmes à utiliser le digital dans leurs activités quotidiennes. Ceci est bénéfique non seulement pour former des leaders féminines du digital, mais aussi pour assurer que les femmes du futur auront des mentors dans le domaine.
Qu’en est –il de l’entreprenariat féminin dans le digital aujourd’hui en Afrique ?
Les femmes s’imposent progressivement dans l’écosystème digital en Afrique. Nous avons quelques noms qui occupent la scène depuis quelques années avec des projets utilisant le digital en éducation, santé, télécommunication et même en agriculture. La pandémie de la Covid-19 contribue également à l’insertion du digital dans le quotidien des femmes. Plusieurs ont appris de nouvelles compétences liées au digital comme : community manager, vente en ligne et même programmation informatique pour s’adapter au contexte actuel qui favorise le travail à distance.
Quels sont les obstacles qui freinent encore un plein accès des femmes au digital en Afrique ?
Les principaux obstacles au plein accès des femmes au digital sont: le manque de compétences techniques dû au faible taux de femmes dans les Sciences Technologies Ingénierie et Mathématiques (STEM) ; les réseaux de communication qui favorisent la sous information et l’accès à certaines opportunités de même que l’accès à internet qui se veut très limité dans les zones rurales, sans oublier les moeurs culturelles qui discriminent les femmes dans certains métiers.
En quoi le digital, l’intelligence artificielle en particulier, peut être un levier pour favoriser l’innovation par les femmes en Afrique ?
L’intelligence artificielle utilise des données de toute sorte pour anticiper sur le futur. De plus, elle peut s’intégrer dans tous les domaines de la société, ce qui est une aubaine pour l’innovation. Les femmes sont donc appelées à utiliser les avantages qu’offre cette science pour produire des services sur mesure et de qualité pour se démarquer des autres et se placer sur la scène internationale.
Comment promouvoir le digital pour donner aux femmes leur place dans le numérique en Afrique ?
Trois mots me viennent à l’esprit: éduquer, mentorer et faire confiance aux femmes (prendre le risque avec les femmes). L’éducation est nécessaire pour l’acquisition des compétences. Il faudrait également mentorer les femmes par des rôles modèles pour raviver la motivation et créer un écosystème sain pour les femmes et leur faire confiance en leur permettant de bénéficier des financements comme leurs homologues hommes.