Bineta Diop est une fervente militante sénégalaise des droits des femmes. En tant qu’envoyée spéciale de l’Union Africaine pour les femmes, la paix et la sécurité, elle est aussi très impliquée dans les pourparlers et négociations de paix sur le continent.
Bineta Diop compte à son actif près de quarante ans de militantisme en faveur des droits des femmes. Elle a contribué à la rédaction des textes juridiques fondateurs en matière de promotion des droits des femmes en Afrique.
C’est sous l’influence de sa mère, Marème Lô, qui fut vice-présidente des femmes du parti « Union Progressiste Sénégalaise », qu’elle s’engage pour la promotion des droits des femmes. Mariée très jeune, à 19 ans, à un diplomate, elle s’installe en Ethiopie où elle passe son Bac. Là bas, elle a l’opportunité de rencontrer les pionniers de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), ancêtre de l’UA, avant de s’envoler pour la France où elle étudie le commerce.
En 1981, elle s’installe en Suisse à Genève et intègre la Commission Internationale des Juristes (CIJ) en tant que coordinatrice de projets. Elle est la première Africaine à rejoindre cette organisation en charge de la défense des droits de l’Homme. Mais en 1996, après 15 ans, elle quitte l’ONG, car dit-elle, « on y parle toujours que des hommes, mais jamais des femmes ». Avec d’autres femmes leaders africaines, elle fonde à Genève, la même année, l’ONG Femmes Africa Solidarité. L’organisation inscrit sa mission dans le cadre de la mise en œuvre de la Résolution 1325 de l’ONU sur les droits des femmes, la paix et la sécurité. Elle vise à prévenir et résoudre les conflits en Afrique et à donner aux femmes les moyens de diriger la consolidation de la paix.
Ayant participé à l’élaboration de la Charte Africaine des droits de l’Homme et des peuples, elle remarque la souffrance des femmes en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient. Elle décide donc de réunir d’éminentes avocates africaines qui élaborent le Protocole de Maputo en 2003. Ce texte garantit les droits des femmes au niveau politique, social, en matière de santé et d’élimination de mutilations génitales féminines. Il devient l’un des textes majeurs et incontournables en matière de promotion des droits des femmes.
Actrice de la promotion de la paix en Afrique
Après avoir été impliquée en 2000 dans l’adoption de la Résolution 1325 visant à impliquer les femmes dans les processus de maintien de la paix, elle intervient dans de nombreuses négociations et pourparlers pour le maintien et le rétablissement de la paix dans plusieurs pays en Afrique. Elle intervint, notamment au Burundi et en République Démocratique du Congo pour faciliter le dialogue pour la paix et y a aussi mené une mission d’observatrice électorale post-conflits. Au début des années 2000, elle est intervenue au Libéria, permettant ainsi un Sommet régional pour la paix entre le Libéria, la Sierra Léone et la Guinée. De même, au Soudan du Sud, elle a été impliquée dans une commission d’enquête sur les violences faites aux femmes. En Somalie, où un fort contingent de femmes impliquées dans des opérations de maintien de la paix est déployé par l’Union Africaine, elle a élaboré de nouvelles mesures pour prendre en compte les besoins des femmes soldats, notamment en leur permettant de téléphoner à leurs enfants pendant qu’elles maintiennent la paix…
Depuis 2014, elle est envoyée spéciale de l’UA pour les femmes, la paix et la sécurité. En 2011, elle a été classée parmi les 100 personnalités les plus influentes du magazine américain Times.