Tsitsi Masiyiwa est une philanthrope et entrepreneure sociale zimbabwéenne. Au début des années 90, son mari et elle se retrouvent dans des tiraillements judiciaires avec le gouvernement zimbabwéen. Bien plus, leur entreprise fait faillite. Une situation qui l’amène à se remettre en question. Elle décide alors de s’engager en faveur des orphelins. En plus de vingt ans, elle aurait aidé plus de 250 000 orphelins au Zimbabwe, au Burundi, au Botswana, au Lesotho…à travers son organisme « Higherlife Foundation ».
C’est au milieu des années 90, en pleines difficultés financières, et au moment où sévit fortement le SIDA dans le pays, que Tsitsi prend l’engagement d’aider de nombreux orphelins qui ont perdu leurs parents en raison de la maladie.
Début 1993, elle et son mari vivent une véritable descente aux enfers. Après avoir eu une vie opulente au moment où ils offraient des services dans le domaine de l’énergie au gouvernement zimbabwéen, à travers leur entreprise, Retrofit Engineering, le couple se retrouve du jour au lendemain sans rien. En effet, Strive Masiyiwa, son mari, souhaite créer une compagnie de téléphonie mobile. Mais le gouvernement lui refuse la licence et souhaite garder le monopole. C’est le début d’un affront de plus de cinq ans, entre le couple et le gouvernement, puisqu’il décide d’attaquer le gouvernement en justice. Financièrement démunis et incapables de payer les employés de leur entreprise d’électricité, ils sont obligés de mettre la clé sous la porte. « Nos ressources étaient si faibles que nous ne pouvions même pas offrir une tasse de thé aux personnes que nous recevions à la maison. Nous pouvions à peine joindre les deux bouts », raconte Tsitsi à Africawomenforum.
Une promesse pour s’en sortir
Très croyante, surtout qu’elle a suivi ses études secondaires, dans une école dominicaine catholique, elle décide de s’en remettre à Dieu. « Nous étions à sec. J’ai essayé de comprendre ce qui se passait autour de moi et j’ai fait une grande introspection. J’ai prié Dieu et je lui ai dit que s’il faisait en sorte qu’on obtienne la licence pour exploiter la téléphonie mobile au Zimbabwe, j’apporterai mon aide à autant de pauvres que possible et ce, aussi longtemps que je vivrai », confie-t-elle au média.
En 1996, bien que le conflit judiciaire avec le gouvernement ne soit pas encore résolu, elle crée « Higherlife Foundation » avec les moyens dont elle dispose, pour soutenir les enfants orphelins et vulnérables au Zimbabwe. Au tout début, elle organise une grande fête en l’honneur des orphelins. Mais très vite, elle décide non pas seulement de nourrir les orphelins, mais de les aider à se nourrir tout seul en investissant dans leurs études.
En 1997, la justice leur donne raison face au gouvernement et dès 1998, leur entreprise de téléphonie Econet Wireless, prend son envol au Zimbabwe. Elle décide de concrétiser sa promesse.
Un engagement pour l’éducation des orphelins
Tout au début des années 2000, elle met en place « Higherlife foundation», un programme de bourses d’études pour les orphelins au Zimbabwe. Plusieurs des étudiants boursiers vont jusqu’à poursuivre des études, notamment aux Etats-Unis. Certains intègrent même les plus grandes universités : Cambridge, Yale, Harvard. En vingt ans, ce sont 250 000 orphelins qui auraient bénéficié de ces bourses, non seulement au Zimbabwe, mais aussi au Burundi, au Botswana et au Lesotho où l’entreprise opère.
Passionnée par la technologie et l’innovation, elle développe également une plateforme en ligne « Ruzivo Digital Learning » qui offre des cours à des milliers d’étudiants chaque mois. En 2014, le couple co-fonde un centre technologique « Muzinda Hub » qui permet de former 1000 jeunes Zimbabwéens aux compétences numériques et à la programmation informatique. En 2016, elle est consacrée « Femme africaine de l’année » par le magazine New African Woman.
Avant de se lancer dans la philanthropie, elle a été, à partir de 1994, Directrice exécutive de Empretec Zimbabwe, un programme visant à rapprocher les PME et les multinationales dans le pays. Elle est titulaire d’un MBA obtenu à l’Université du Zimbabwe.