Francine Ntoumi est une biologiste moléculaire congolaise. Elle est connue pour ses recherches sur le paludisme. Spécialisée en maladies infectieuses, elle a également mené des travaux sur l’épidémie d’Ebola au Congo Brazzaville. Elle fait actuellement partie d’une équipe de huit chercheurs impliqués dans l’étude du Covid-19 et ses risques infectieux émergents au niveau mondial.
Après avoir passé plus d’une vingtaine d’années en Europe, notamment en France où elle suit tout son cursus universitaire et débute sa carrière, Francine Ntoumi intègre en 2014 la Faculté des Sciences de la santé de l’Université Marien Ngouabi en tant que professeure. Cette biologiste congolaise spécialiste en immunologie et infectiologie s’est fait connaître par ses nombreuses recherches sur le paludisme en Afrique. C’est au cours de sa thèse postdoctorale à l’Institut Pasteur en France de 1993 à 1995 qu’elle s’intéresse à cette pathologie et aux maladies parasitaires, à une époque où le paludisme tue de nombreuses femmes enceintes en Afrique. Suite à ses nombreuses recherches sur le paludisme, elle dirige de 2007 à 2010 l’Initiative multilatérale sur le paludisme (MIM) en Tanzanie. En 2012, elle lance le programme congolais de recherche sur l’infection plasmodiale au cours de la grossesse et mène des études de surveillance de la résistance des souches plasmodiales aux antipaludiques. La chercheure n’exclut pas un jour de développer un vaccin contre cette maladie.
Engagée dans la lutte contre Ebola, SIDA, tuberculose, coronavirus…
En plus du paludisme, Francine Ntoumi a mené des recherches sur d’autres maladies infectieuses, dont Ebola. Elle a notamment dirigé un projet financé par l’Union Européenne lors de l’épidémie d’Ebola en Afrique subsaharienne pour assister le ministère de la santé congolais à préparer les outils pour la riposte contre la maladie. Elle a également coordonné le réseau régional d’Afrique centrale sur la tuberculose, le VIH-Sida et le paludisme (CANTAM).
Face à la crise sanitaire actuelle du coronavirus dans le monde, l’Institut de recherche pour le développement (IRD) a créé un Comité scientifique interdisciplinaire et partenarial « Covid-19 » constitué de huit chercheurs, dont fait partie Francine Ntoumi. Ledit comité mène, notamment des recherches sur les risques infectieux émergents du covid-19, en Afrique, mais aussi en Asie et en Amérique latine. Il a également pour mission de conseiller les dirigeants de l’IRD sur les décisions à prendre en relation avec la pandémie.
Promouvoir la recherche scientifique et l’accès des femmes aux sciences
En tant que chercheure, la biologiste ambitionne de développer la recherche scientifique au Congo. En 2008, elle crée la Fondation congolaise pour la recherche médicale. L’objectif est de développer la recherche scientifique et la santé publique dans le pays et de favoriser l’émergence de chercheurs congolais de haut niveau. A travers son initiative, elle développe le premier laboratoire de biologie moléculaire de la principale université congolaise. Elle y encadre de nombreux jeunes chercheurs congolais et se donne également pour mission particulière d’encourager davantage les filles à s’orienter vers les filières scientifiques. Elle lance ainsi en 2016, le projet « Femmes & Sciences » sponsorisé par le groupe L’Oréal et l’Union Européenne. Dans le cadre du projet, elle mène des campagnes de sensibilisation dans les écoles du pays pour pousser les filles à s’intéresser aux carrières scientifiques.
Francine Ntoumi est titulaire d’un doctorat en sciences de l’Université Pierre-et-Marie Curie obtenu en 1992. Elle a été chef de laboratoire à l’Unité de recherches médicales de l’hôpital Albert Schweitzer à Lambaréné au Gabon. Elle a été aussi chef de laboratoire et professeure-associée à l’Institut de médecine Tropicale de la Faculté de médecine de l’Université de Tübingen en Allemagne de 2000 à 2005.
Elle a reçu plusieurs prix et distinctions, dont le Prix Kwame Nkrumah de l’Union Africaine pour les femmes scientifiques en 2012, ainsi que le Prix scientifique Georg Forster de la fondation Alexander-von-Humboldt en 2015. En 2016, l’Institut de France lui décerne le Prix Christophe Mérieux pour ses recherches sur les maladies infectieuses en Afrique centrale.